Intégrer un DSI de transition ça va permettre à budget égal d’avoir quelqu’un qui a plus d'expérience, qui va aller plus rapidement à l’essentiel, qui dialoguera plus facilement à un niveau de comité de direction et qui sera plus ouvert d’esprit, parce qu’il sera multi-expériences et multiculturel. Donc ça permet des accélérations qu’on n’a pas forcément avec quelqu’un qui fait partie des murs
Consultant en systèmes d’information, DSI de transition, fondateur de MonCIO (moncio.com), Pierre-Albert Carlier est un DSI avec plus de 25 ans d'expérience (dont 15 ans dans le Groupe LVMH). Invité du podcast CIO Révolution - saison spéciale “Le DSI de transition pour affronter les crises” en partenariat avec la communauté Infortive, première communauté de DSI de transition en Franceil témoigne au micro de Bertran Ruiz, CEO d’AirSaas, des bénéfices directs et indirects de ce statut pas tout le temps compris par les parties prenantes.
Cet épisode vous fera entre autres découvrir en quoi recourir à un DSI de transition est une très bonne solution pour faire monter en compétences des collaborateurs au sein d’une PME sur des enjeux importants. Vous y trouverez des exemples concrets de missions. Vous ne pourrez plus dire “je pensais que” …”j’avais peur que…”
Bonne lecture de résumé et bonne écoute !
Au sommaire :
1 Les croyances à revisiter sur l'achat d'un DSI à temps partagé
Trop cher, pas suffisamment présent dans les locaux à temps plein, ne connaissant pas le secteur d’activité. Tous les prétextes sont bons pour ne pas structurer cette activité et fonction en bénéficiant d’un concentré d'expériences.
2 Trois exemples de missions de DSI de transition
Retour sur des opérations concrètes menées par Pierre-Albert pour mieux saisir la variété des enjeux et les points communs de ce type de missions.
3 L’intérêt pour une entreprise de prendre un DSI de transition :
De l’expérience en concentré ! C’est tout l’enjeu. Une fois qu’on a dit ça, reste à déterminer comment intégrer cette haute intensité dans votre organisation.
Découvrez également la liste des contextes clés dans lesquels faire appel à un DSI de transition.
En mode critique, on entend très souvent dire à propos d’un DSI de transition que n’étant pas à temps plein avec l’équipe ça va être plus compliqué. Que cela va coûter très cher. Ou encore qu’il ne pourra jamais gérer les urgences, que les choses vont être plus longues. Que quelque chose qui aurait pris un mois à temps plein va durer 6 mois…”
Pierre-Albert est formel : On peut avoir plus d’efficacité qu’un temps plein.
« Intégrer un DSI de transition, ça va permettre à budget égal d’avoir quelqu’un qui a plus d'expériences, qui va aller plus rapidement à l’essentiel, qui dialoguera plus facilement à un niveau de comité de direction et qui sera plus ouvert d’esprit parce qu’il sera multi-expérience et multiculturel. Donc ça permet des accélérations qu’on n’a pas forcément avec quelqu’un qui fait partie des murs.».
D’après Pierre-Albert choisir un DSI à temps partagé trois jours par semaine peut coûter moins cher à l'entreprise. Cela oblige à une réflexion en termes de livrables versus de temps passé. Il ajoute que : « Cela l'oblige aussi à être plus focalisé, à être plus clair sur les vraies priorités. Le DSI à temps partagé, va moins se faire bouger. Sa posture est meilleure. Il a plus d’assurance ».
Cet aspect de structuration introduit un mode de fonctionnement bénéfique. Cela oblige les équipes à préparer différemment les points d’avancements. Les sujets importants arrivent mieux priorisés. « Les questions qui peuvent attendre 24 ou 48 h attendront que je sois présent dans les murs. Les sujets profitent alors d’un temps de réflexion et de maturation qui est très souvent bénéfique.»
Pierre-Albert le rappelle également : paradoxalement, le fait de voir différentes problématiques est bénéfique : « Je m’inspire beaucoup des différents clients entre eux. Chaque expérience bénéficie à tous mes clients. »
“Pour être un bon DSI de transition, faut-il bien connaître le métier ?”
Non ! C’est secondaire. C’est une des idées reçues sur laquelle est revenu Pierre-Albert Carlier. Oui, s’il dispose de quelques clés issues de son expérience passée, ce critère est moins pertinent. Les missions vont plus être sur de la gouvernance, de la remise en ordre, de la gestion de fournisseur, de la négociation, de l’appel d’offres, de la structuration d’équipes, du comportemental au niveau du Codir.
En outre, Pierre-Albert rappelle que les DSI faisant partie de la communauté Infortive peuvent faire appel au réseau pour décoder les éléments essentiels, d’un point de vue DSI, du domaine s’il n’est pas connu.
Pour illustrer ces thématiques Pierre-Albert est revenu sur une sélection de missions réalisées en tant que DSI à temps partagé au sein de PME. Une mission classique, une mission avec des déplacements et une mission de mise en place de DSI...
Une mission classique, auprès d’un responsable informatique interne en place.
Appelé pour une mission d’accompagnement auprès d’un responsable informatique qui ne prenait pas la mesure du poste de DSI, Pierre Albert a vu le collaborateur revenir au bout d’un mois se positionner auprès du DG d’une façon plus claire en lui disant : “Je ne veux pas devenir DSI, il faut en recruter un”. Intellectuellement il avait la capacité, mais en termes de contraintes et de stress il ne le souhaitait pas. La mission lui avait permis de prendre conscience des enjeux et de passer d’une zone de non-dit avec sa hiérarchie à une zone de parole libérée. Il a gardé des responsabilités en chefferie de projet mais pas le poste de DSI dont l’entreprise avait besoin.
Une mission de proximité et terrain avec des déplacements au sein des filiales internationales - Pierre-Albert Carlier évoque une mission réalisée auprès d’un responsable informatique avec 12 ans d'expérience entré avec un BTS à qui il manquait des réflexes clés de la fonction. Par exemple, celui-ci avait des responsabilités internationales et n’allait pas dans les pays. Cela a été l’occasion d’organiser ensemble un déplacement et de modéliser les bonnes pratiques liées à ce type de mission. Montrer qu’il fallait y aller avec, à la fois des objectifs précis et surtout être capable de revoir les objectifs en cours de route ! Démontrer qu’il fallait s’intéresser d’abord aux problèmes du moment des BU avant de s’occuper de ceux pour lesquels ils étaient en mission. L’idée clé était de créer du lien.
Autre astuce basique partagée à cette occasion : à la moitié du déplacement, téléphoner au patron pour donner des nouvelles et se mettre à l’écoute de ses besoins propres pour entendre : ”Ah bah tiens, pendant que vous êtes là-bas ….”. Pierre-Albert a travaillé 6 mois sur ces aspects de “tutorat” à un rythme de deux jours par semaine. Puis à la fin ½ journée tous les 15 jours.
Une mission pour mettre en place une DSI
Pierre-Albert revient également sur un exemple de mission de structuration auprès d’une entreprise disposant de plusieurs business unit. Appelé pour identifier et clarifier une feuille de route, faire un bilan en établissant des priorités, jusqu’à faire une description de poste, le recrutement et la mise en place d’un(e) DSI.
Revenant sur l’exercice du métier de DSI de transition, Pierre-Albert Carlier évoque l’importance du juste rapport au temps comme un point critique : «L’équilibre entre le temps court et temps long est clé dans la fonction de manager de transition. Il va falloir montrer des résultats rapidement pour gagner de la confiance. Mais il y a des choses où il faudra du temps ! Il faut arriver à juger ce qu’il faut produire comme résultat rapide et visible et dont les gens vont être satisfaits pour gagner du temps là où on en a besoin ! II faut arriver à gérer ce curseur en permanence».
Parmi les retours d'expériences partagés par Pierre-Albert l’un des enjeux clé des organisations qu’il a accompagné a été de faire monter en compétences le manager en place vers un poste de DSI plutôt que d’aller le chercher à l’extérieur :
« Pour une entreprise, c’est plus intéressant et valorisant d'arriver à faire mûrir et monter quelqu’un en interne vers un poste de DSI plutôt que de trouver des solutions de remplacement. La personne va connaître le business, connaître les gens, etc. Si après ce ne sont que des histoires de postures à modifier et de réflexes à donner, c’est extrêmement bénéfique».
Pierre-Albert souligne également un enjeu indirect pour une entreprise dans un contexte général de tensions sur les recrutements IT. Le recours à un DSI de transition permet de se donner le temps de faire un recrutement plus sereinement.
Troisième bénéfice indirect, le plaisir ! La posture d’indépendant apporte à Pierre Albert énormément de satisfaction dans la manière d’exercer son métier. Le fait qu’il y ait une situation initiale et finale avec une photographie entre les deux très claire est une source de plaisir partagé avec le commanditaire et les équipes en place. On visualise bien le travail accompli. « Il y a plus de focus. On se fait moins balader d’un sujet à un autre. La relation d’argent oblige à cette concentration » souligne notre DSI invité.
Sur ce même sujet, en complément de l’interview de Pierre-Albert, nous partageons une ressource sur les problématiques courantes qui peuvent justifier un recours à un DSI de transition, parmi lesquelles :
(Source : L’informaticien n°194 - mars 2021)
Le fait d’acheter une prestation de manière différente à temps partiel a un effet bénéfique sur la maturation des sujets et projets, sur la priorisation des objectifs. Cela introduit un mode de management différent. Néanmoins cela demande une certaine maturité de la part du manager et de l’entreprise.
Et également de la part du DSI de transition appelé à intervenir dans différents contextes et personnalités en délivrant la valeur promise sur les jalons clés.
La passation d’expertise est au centre de ces missions de transitions humaines et organisationnelles.
BIO EXPRESS - Parcours
40 ans d’expériences pro. en informatique dans la Banque, le conseil…
15 ans dans le groupe LVMH à différents postes de DSI .
10 ans en tant qu’indépendant sur des missions de DSI en temps partagé, de transition et conseil
Le podcast pour comprendre comme le métier de DSI est en train de changer. D'un métier technique à un métier orienté business, le DSI est la clef de la transformation de nos entreprises.
Chaque semaine, Bertran ruiz discute avec les CIO et DSI qui se livrent, et vous partagent leurs expériences. Un condensé de savoir et d'apprentissage.