“La maintenance prédictive, l’idée, c’est d’arriver à anticiper des pannes de machines dans les lignes de production, de manière à éviter un arrêt brutal. Ainsi, il est possible de réparer la machine pour que la panne ne se produise jamais. C’est mon tout nouveau défi.”
Second passage dans le podcast CIO Révolution pour Alexis de Nervaux qui nous avait fait le plaisir d’évoquer sa double casquette de DSI et de chef du digital. Aujourd’hui, il revient pour entrer plus en profondeur dans les enjeux industriels des projets qu’il mène au quotidien dans le cadre de cette saison dédiée à la révolution numérique dans l’industrie et à l'industrie 4.0.
Avec plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans la transformation digitale, Alexis de Nervaux est un vrai expert du sujet. Durant sa carrière, il a notamment travaillé avec Total en tant que responsable de la transformation digitale, ainsi que pour Saint-Gobain où il a été directeur de la transformation numérique mais également DSI. Il y a quatre ans, il a rejoint TERREAL pour se lancer un nouveau défi : accélérer la croissance de cette entreprise grâce au digital.
I) Le tout nouveau défi d’Alexis de Nervaux : la maintenance prédictive. Depuis son arrivée, il y a quatre ans, au sein de TERREAL, Alexis de Nervaux a vu l’entreprise considérablement grandir. Il n’est pas pour rien dans la croissance de la firme, que ce soit en France ou à l’international. Une de ses dernières nouveautés est la maintenance prédictive afin d’éviter au maximum les pannes dans les usines de l’entreprise.
II) Quel processus pour choisir sa solution de maintenance prédictive pour une industrie 4.0 ? Maintenant qu’il est acté que la maintenance prédictive sera utilisée dans telle usine et de telle manière, il est important de choisir la bonne solution, celle qui contentera la DSI, la direction industrielle et les employés qui l’utiliseront au quotidien.
III) Retour sur l’aspect organisationnel du lancement d’un projet structurant. Bien souvent, lorsqu’un projet démarre, la question de l’investissement et du retour sur investissement se pose. Est-ce bien utile de mettre autant d’argent pour la transformation numérique d’une entreprise ? Alexis de Nervaux revient sur cet aspect très important ainsi que sur la priorisation des tâches et sur le déploiement de la solution à l’international.
TERREAL, c’est 3 600 salariés dans le monde, 21 usines en France et bien plus ailleurs, un acteur industriel de référence dans les matériaux de constructions en terre cuite et une DSI d’une cinquantaine d’employés. L’entreprise se concentre sur quatre activités principales : la couverture (les tuiles pour les toits), le solaire (panneaux solaires), les structures, les façades et les décorations. Récemment, le groupe a racheté une entreprise allemande du nom de Creaton, ce qui lui a permis de se développer dans l’Europe de l’Est et du Sud-Est.
Avec sa double casquette, Alexis de Nervaux doit faire une grande veille technologique pour être au courant des dernières nouveautés. Il le dit : il n’est pas du genre à faire du digital pour faire du digital. Cette veille lui sert donc à rester informé tout en essayant d’analyser les innovations pour voir si elles peuvent concorder avec la stratégie numérique de TERREAL. Cela a été le cas pour la maintenance prédictive.
Il est aussi assez “friand” des benchmarks auprès des entreprises qui ne sont pas forcément dans le même secteur d’activité, ni même dans l’industrie mais qui ont des modèles qui fonctionnent.
Il y a deux ans, il s’est intéressé aux lignes de production et ce qui pouvait générer de la perte. Sachant que les lignes de production de TERREAL ne s’arrêtent jamais, la moindre panne, à toute heure, peut s’avérer catastrophique. Il a donc chiffré ce que ces pannes pouvaient représenter (Capex vs ce que ça peut rapporter).
Un cabinet de conseil a été consulté pour se faire. Par la suite, les directions métiers et la direction industrielle ont été consultées par savoir quels business pouvaient être le plus touchés par ces pannes. Un vrai travail de fond a été réalisé.
On retrouve également, de par ces discussions, les problèmes récurrents de ressources management. Souvent, le goulot d’étranglement se trouve au niveau des métiers, est-ce qu’ils auront le temps de comprendre les enjeux de la maintenance prédictive, est-ce qu’ils auront les ressources humaines nécessaires pour que ces personnes puissent s’occuper exclusivement de ce point-là.
En général, les solutions de maintenance prédictive se matérialisent par des boîtiers autonomes, dans le sens “non filaire”, fonctionnant avec des réseaux basses fréquences. Il suffit ensuite de les connecter à l’aide de capteurs sur une machine pour analyser les mêmes types de données (analyse vibratoire et thermique dans le cas des machines de TERREAL, à hauteur de 95 %). Pendant plusieurs mois, il collecte l’ensemble des données pour ensuite, alerter si nécessaire, l’utilisateur.
Bien entendu, la première étape (qui est en soi, une étape préliminaire) consiste à faire un benchmark auprès des entreprises qui exploitent d’ores et déjà la maintenance prédictive pour essayer de voir comment elles fonctionnent concrètement : fonctionnalités, mise en place, facilité d’utilisation, etc.
Plusieurs solutions ont donc été testées à l’échelle dans l’usine “test” qui a bien voulu se doter de maintenance prédictive. Une d’entre elles n’a clairement pas fonctionné très rapidement, et une autre a assez bien fonctionné, a prévenu quelques pannes mais n’a pas forcément été la solution préférée d’Alexis de Nervaux. Par contre, cela a apporté une autre problématique : plusieurs sites qui ont entendu parler de cette solution, se sont rués sur cet outil. C’est le risque du débordement ou pire, du shadow IT non maîtrisé.
Comme le rappelle Alexis de Nervaux, il met un point d’honneur à la cybersécurité. Ce projet oblige à moderniser certaines briques et une partie du SI, ce qui nécessite un travail de tous les instants pour l’équipe IT pour sécuriser l’ensemble des blocs. L’équipe IT n’est donc pas disponible pour mettre en place ces POC. Du coup, un cabinet aide l’équipe IT pour la réalisation des POC d’ici l’été.
Alexis de Nervaux le sait : faire appel à un client externe pour la réalisation de ses proof of concept est quelque chose de coûteux. Mais selon lui, c’est un mal pour un bien. Si l’investissement est conséquent mais que le ROI (risk of ignoring ou retour sur investissement) est concret, cela vaut clairement le coup de se lancer dans le projet.
Ce qui est vrai, c’est que les DSI sont toutes énormément sollicités et potentiellement attirés par un grand nombre de solutions et d’éditeurs. À force de sollicitation, on peut perdre le fil du projet et du schéma directeur qu’on s’est pourtant fixé et lancer de nombreuses initiatives qui n’ont pas lieu d’être.
Alexis de Nervaux s’est aussi posé la question de l’international. L’entreprise étant présente partout en Europe mais aussi dans d’autres continents, il ne souhaite pas que la solution ne puisse pas être introduite ailleurs qu’en France. Au sein de TERREAL, il y a un IT council, qui regroupe l’ensemble des directeurs des filiales de TERREAL présentes à l’international, deux fois par an. Chacun évoque ses problématiques métiers, ce qui permet d’identifier les problèmes et à la DSI d’intervenir.
Après nous avoir longuement parlé de sa double casquette de CIO et CDO au sein de TERREAL, Alexis de Nervaux est revenu pour un nouvel épisode du podcast CIO Révolution afin de nous parler de son nouveau challenge. Travaillant pour un grand groupe industriel, il essaie, en tant que professionnel de la transformation numérique, d’apporter un vent nouveau à son entreprise grâce à des innovations pertinentes pour l’avenir.
C’est le cas de la maintenance prédictive qui vise à empêcher une recrudescence de pannes machines qui peuvent être évités grâce à des réparations bien placées. Grâce à un benchmark malin, à la mise en place de proof of concept pour calmer les esprits et convaincre les usines et les directions industrielles ainsi que par une bonne organisation de projets, Alexis de Nervaux réussit à apporter l’innovation dans son entreprise tout en conservant un ROI conséquent.
Le podcast pour comprendre comme le métier de DSI est en train de changer. D'un métier technique à un métier orienté business, le DSI est la clef de la transformation de nos entreprises.
Chaque semaine, Bertran ruiz discute avec les CIO et DSI qui se livrent, et vous partagent leurs expériences. Un condensé de savoir et d'apprentissage.