Vis ma vie de DSI qui déploie SAFe “by the book” complété par les OKR’s pour accompagner la réinvention de Bpifrance en fintech !
Bpifrance est là pour aider les entrepreneurs, les entreprises, et par conséquent leur DSI également ! C’est une mission à laquelle Lionel Chaine, son CIO, participe en acceptant notamment de participer à des conférences agiles et podcasts dédiés à la transformation des entreprises !
Il a initié et piloté le déploiement de l’agilité à l’échelle à la bpi avec SAFe et transformé le système d’information en s’appuyant sur l’architecture, le cloud, la cybersécurité.
Avant la Bpi, notre invité a passé 25 ans au sein du groupe La Poste, un parcours au cours duquel le jury des Trophées DSI, lui a décerné le Grand Prix du DSI de l’année 2019 en plus de celui de DSI for Good. Une reconnaissance des méthodologies agiles et « DevOps » alors mises en œuvre pour délivrer rapidement des applications, la modernisation de l’infrastructure informatique de la Branche Services-Courrier-Colis.
Merci à lui pour le temps qu’il nous a consacré et bienvenue à tous dans ce 82e épisode du podcast CIO Révolution by AirSaas. Saison spéciale : L’agilité dans l’entreprise en 2023 en partenariat avec Valiantys, partenaire Atlassian spécialisé Agile at Scale.
Ça signifie quoi passer de BPI Banque à BPI Fintech ? Pourquoi et comment ce déploiement de l’agilité à l’échelle a-t-il été envisagé ? Quels ont été les grands axes de transformation, le timing et modèle organisationnel choisi ? Comment appréhender la construction budgétaire d’une telle DSI dans ce contexte ? Enfin, côté résultats ? Quels sont les changements culturels perçus par les métiers, les clients ? Quels sont les indicateurs et rituels clés suivis ?
SAFe, CI/CD, DevOps, OKR, création de plateformes, maintien du réseau, des applications, architecture, QA, cybersécurité, SRE, finops, Data, cloud, innovation, PaaS hybride et multicloud » + démarche d’APIsation... Côté méthodes et technos, le panel est large au sein de Bpifrance !
Plongez avec lui et Bertan Ruiz CEO d’AirSaas et animateur du Podcast CIO Révolution dans l’agilité distribuée à l’échelle les nouvelles façons de travailler de façon rapide et en proximité dans une entreprise !
Bonne écoute et bonne lecture du résumé à tous.
Au sommaire :
« C’est ça notre projet, beaucoup d’agilité pour aller vite et répondre en proximité ! »
Notre invité est donc arrivé au sein de BPiFrance en juin 2020 ! Au moment où la banque publique a été amenée à devoir gérer en urgence le Prêt Garanti d’État (PGE).
Il a rapidement dû “sauter” dans le bain de ces transformations engagées et à initier, sur lesquelles il rappelle qu’il faut être très humble !
Rattaché à Arnaud Caudoux, directeur général adjoint de Bpifrance, Lionel Chaine a aussi pu s’appuyer sur son siège au comité de management général pour porter les nombreuses problématiques des systèmes d’information.
L’accélération du Delivery de la valeur était donc au cœur du projet.
La tech BPI est en effet intégrée au sein d’un écosystème de start ups, en open innovation, avec une logique d’intégration de composants, pour son DSI l’objectif était clair :
« On est des grandes organisations, on doit être aussi agile qu'une start-up, une fintech parce qu'on a des sujets de time-to-market !
Cet enjeu de réactivité est très fort pour la « banque de l’innovation ». Un challenge déjà relevé par toute l’entreprise quand il fallut monter le prêt garanti de l'état en très très peu de temps. “Si on n'avait pas structurellement cette agilité-là on n'aurait pas réussi à le faire !”
…Avec un réseau physique « On est au service de nos chargés d’affaires »
Les clients du SI de Bpifrance sont les chargés d’affaires. “Ceux qui dialoguent tous les matins avec les entrepreneurs qui vont les voir en local dans les quarante-sept implantations régionales. »
Comment faire pour devenir et rester agile quand on a plusieurs centaines de sites web, neuf plateformes digitales, 26 métiers, 183 produits au catalogue….et 1 500 collaborateurs dont 1200 prestataires ?
La BPI tout le monde connaît ? ...mais quand même ..un rappel: elle est née fin 2012 du regroupement d'Oséo, de CDC Entreprises, du FSI et du FSI Régions, cette société détenue à 50 % par l’Etat.
Nicolas Dufourcq, son président, déclarait en décembre 2022 au Monde Informatique que : « Le budget de la DSI a été multiplié par 2, celui du digital par 8, et celui de la cybersécurité par 12 »!
C’est un des acteurs clés de l’open innovation française.
Pour rappel, Bpifrance exerce 8 métiers : Financement, Garantie, Financement de l’innovation, Investissement direct et Investissement en Fonds de fonds, International, Accompagnement et Création.
Les chiffres de BPIfrance parlent d’eux-mêmes…67 milliards d’euros dans le financement de l’économie française en 2022 ! 50 implantations régionales.
BPifrance - en chiffres
Lionel Chaine évoque le choix d’une organisation de l’agilité “distribuée à l'échelle”.
« Toutes nos équipes sont des équipes de six huit personnes qui travaillent de façon autonome et dans une vision très architecturée de notre système d'information qui se synchronisent toutes les 10 semaines pour produire un maximum de valeur métier / business »
# Small is beautifull !
« Par rapport aux enjeux d’accélération du time to market et du delivery de la valeur SAFe a été choisi. ».
Lionel et ses équipes ont opéré une transformation sur plusieurs axes :
Au vu de tous ces axes de transformations, la question du cadre méthodologique cible s’est posée. « On s'est dit il faut trouver un pattern ! On s’est dit SAFe. !» Un modèle que Lionel avait déjà implémenté à La Poste.
Même s' il concède qu’à l'époque il n’y avait pas encore l'engouement et le volume de gens qui savaient faire. « On a commencé en alignant et en formant tout le monde, tous les équipiers, à “Leading SAFe” et aussi tous les prestataires qui voulaient travailler avec la BPI.»
Lionel assume d’utiliser SAFe pour poser ce langage commun. Source de réussite selon lui. « On a pris SAFe comme il est ! On n’a pas dévoyé de ce langage-là. »
Notre invité le souligne ce type de transformation est très compliqué à mener, raison pour laquelle c'est bien d'avoir un cadre stable : « Ce ne sont pas des transformations pour six mois avec changement de démarches »
Pour Lionel Chaine, « Le modèle “SAFe by the Book complété par les OKR’S permet une meilleure projection dans le temps et renforce l’alignement stratégique.»
Dans ce contexte de CI/CD pour ne pas perdre de vue la direction globale. La DSI a couplé la pratique de développement continu aux OKR (objective Key result)
« On a chaque année la chance chez BPI d'actualiser notre plan stratégique. »
En partant de ces “ambitions” le DSI décline tout ce qui est fait autour de ces grands axes-là.
Le développeur ou le testeur savent à quoi ils contribuent !
On a ainsi l’architecture suivante : OKR / EPICS / Feature / User story.
Tout ça est chaîné dans le JIRA, les OKR sont liées aux EPICS. Les équipes savent se projeter dans la stratégie d’entreprise.
Les ambitions et résultats clés…Tout est hiérarchisé, décliné dans les équipes qui se sont donné des ambitions en partant se mettre au vert dans des sessions « away ».
Au niveau du processus de construction budgétaire la démarche a également été de revoir la culture de l’architecture “centralisée”
Le DSI a créé ce qu'il appelle des composants “socles” centraux et métiers. Hors socles centraux, le budget est ainsi réparti dans les métiers. Les métiers décident de ce qu’ils vont en faire de leurs socles et gèrent leur enveloppe budgétaire… Sachant qu’à terme Ils ont pu gérer …Et se rendre compte que ce n’était pas gratuit ^^ !
Lionel cite en exemple les (très) nombreux systèmes de GED présents à son arrivée. Chaque métier avait une GED spécifique dans son silo. Il en a fait un socle de GED. La politique proposée aux métiers est la suivante. Si tu utilises la GED centrale, elle est peut-être moins bien pour tes spécificités métiers, mais elle est gratuite.
Si tu veux un autre truc, tu le prends sur ton budget spécifique. Ça permet de converger. Les métiers sont plus libres dans les choix de priorités.
Tout ça va dans le sens d’une plus grande valeur portée. Ça change aussi la culture.
Notre CIO souligne que toutes ces transformations ont été menées « en même temps ». Architecture, orga, Bascule cloud, CI/CD, tous les outils, l’architecture microservices, le traitement du Legacy, l’augmentation de la sécurité…la segmentation, la partie préparatoire autour du SOC et des outils de détections qui ont été tous revus…, les PO métiers, Program Manager ont été formés…
Paradoxalement ce tout en même temps est pour Lionel un gage de réussite.
Cette animation de la transformation a été réalisée et BPI est depuis trois ans de fonctionnement et aujourd’hui ce n’est plus un sujet.»
Lionel partage une conviction forte : « Si on avait fait des bouts, je ne suis pas sûr qu'on serait arrivé au bout ! Là, on brûle les ponts !
Le bilan de cette transfo globale « en même temps » sécu archi orga.. est positif : pour opérer de l’agilité….La DSI a doublé l’année dernière le nombre de mises en production itératives par rapport à l'année. a diminué le nombre d'incidents par deux sur le patrimoine applicatif. En six mois, ils ont doublé par rapport à l'année dernière le nombre de mises en production.
Toute cette transformation-là est pilotée par un indicateur : le NPS (net promoter score).
Tous les mois la DSI interroge ses utilisateurs et leur demande “Qu'est-ce que vous pensez du SI de BPI France” ?
« Tout ça c’est beaucoup d'indicateurs ! » souligne également notre invité.
CIO de terrain également, il sait dire le nombre de mises en production,…il connaît les niveaux de qualité, pilote l’excellence opérationnelle sur les pratiques agiles, sur la sécurité, sur le devops, le tout ramené à la notion d’équipe.
Pour lui, c’est d’ailleurs ce qui fait d'ailleurs que le modèle a été “scalable”. Il rappelle en effet que pendant la même période ils ont eu des augmentations de volume de charge et de budget de vingt pour cent par an !
Autre bénéfice secondaire de cette approche des indicateurs et de la qualité…Cela contribue à augmenter la durée de vie du DSI dans son poste !
Notre invité le rappelle en effet, la vie des DSI c'est à la fois les projets l'ambition la stratégie mais c'est aussi de façon très concrète la qualité de ce que vous délivrez à vos utilisateurs.
il faut vraiment être solide et sur le RUN opérationnel l’OPS et sur le DEV !
"Tout ça a été possible parce que c’était un projet d'entreprise, parce que c’était porté comme une ambition par la direction générale"
Après la partie “by the book”, pendant trois ans, les équipes de la DSI sont en train de passer dans une autre étape : une phase où on commence à revisiter un certain nombre de pratiques parce qu’on les a bien comprises.
Lionel développe et explique cette logique d’adoption et de déploiement « by the book first ».
En effet pour notre invité c’est seulement après avoir implémenté l’idée de l’agilité ….avec ses difficultés ….une fois qu’on l’a bien intégré, qu’on a commencé à bien l’aimer…Qu’on peut la revisiter ! »
Il partage une pratique de déploiement inspirée du « Shu Ha Ri »
Les métiers ont apprécié le fait que les équipes tech aujourd'hui tiennent les engagements à 86% ! ….(le delta est principalement lié à des features non prévues dans l’incrément).
« Ça a beaucoup plu aux métiers qui ont préféré avoir moins mais plus vite ! »
Enfin le DSI précise avoir fait beaucoup de “MVP” Minimum viable product. Une source de gain importante à ses yeux. Notamment comparativement à SAFe qui implique des budgets de formation importants.
« Je n’ai plus de copils ! Les COPIL on se retrouve à quinze pour dire l'état d'avancement des sujets etc… on ne fait plus ça » confie Lionel Chaine. Même s’il concède quelques exceptions bien sûr.
L’aspect reporting est donc accessible en ligne et les métiers sont formés à utiliser pour savoir où on est leur backlog les éléments des grands jalons qui sont partagés.
En outre, si le métier veut en savoir plus Lionel rappelle que “tous les 15 jours il y a des démos. Ou bien ils viennent aux rétros, ou au PI planning…”
Le DSI souligne que le comex se réunit tous les trimestres pour une intervention budgétaire et un suivi de l'avancement global de tenue des engagements.
Les OKR
, auxquels Lionel préfère le terme d’ambitions, sont posés de façon annuelle, dans un plan moyen terme PMT. Et ils en rendent compte de façon trimestrielle dans les points d’avancement.
Une priorisation agile avec les WSJF (SAFe). Qu’on peut assimiler à des quicks wins qui aident à faire les MVP.
Car oui, comme pour toutes les organisations ou presque, à la BPI aussi, il y a toujours plus de” features” que de capacité à délivrer !
Notre invité revient donc sur la pratique interne de priorisation inspirée de SAFe : le Weighted Shortest Job First (WSJF) qui aide à faire les MVP et à prioriser sur ce qui a le plus de valeur business. Une définition co-construite avec le business. « On a défini avec tous nos métiers ce qu'était la valeur business. Des fois c'est parce que ça amène plus de PNB ou de chiffre d'affaires, des fois ça réduit les charges, des fois c’est réglementaire…».
Il précise qu’une fois ce premier filtre activé, sont traitées en premier les features qui passent dans un incrément de 10 semaines et rattachées à un objectif / axe stratégique. Ce qui permet de conserver un bon alignement.
L'agilité maîtrisée ou le défi de l'autonomie métier…! C’est l’un des enjeux de la démarche de transformation de Bpifrance. Pour favoriser l'innovation et la flexibilité de l’organisation, il a été primordial de trouver le bon équilibre entre l'agilité métier et la maîtrise de l'IT. Permettre aux métiers d'expérimenter de nouvelles idées tout en assurant la sécurité et la conformité est un défi complexe mais essentiel. En établissant des règles de gouvernance claires, en définissant les responsabilités et en favorisant une gestion intelligente des actifs de données, on peut limiter les risques de Shadow IT et créer une culture de collaboration agile.
Bravo aux équipes de cette DSI réinventée et merci encore Lionel pour ce (top!) retour d'expérience avec la communauté des #ProdeLaTransfo !
Le podcast pour comprendre comme le métier de DSI est en train de changer. D'un métier technique à un métier orienté business, le DSI est la clef de la transformation de nos entreprises.
Chaque semaine, Bertran ruiz discute avec les CIO et DSI qui se livrent, et vous partagent leurs expériences. Un condensé de savoir et d'apprentissage.