La DSI rock’n’roll à une fibre agile ! Cela aurait pu être le titre de ce nouvel épisode, clin d’œil au goût de Catherine pour la moto et le hard rock ^^. Déjà le cinquième numéro de la saison spéciale du podcast CIO Révolution by AirSaas : L’agilité dans l’entreprise en 2023 en partenariat avec Valiantys, partenaire Atlassian spécialisé Agile at Scale.
C’est une DSI expérimentée capable d’aller dans tous les univers de l’industrie au service. Elle est aujourd’hui DSI de transition au sein du groupe ISAGRI (2500 collaborateurs) pour les aider à assurer des croissances externes soutenues. C’est un esprit curieux et apprenant. Des formations multiples, des moocs, avec un Master en management des systèmes d'information à l’UTC de Compiègne au cours duquel elle présentera un mémoire intitulé « le DSI catalyseur de sens » et une formation de Chief Digital Officer à Centrale.
Elle a poursuivi une belle trajectoire pro dans les coulisses des transformations digitales et agiles. DSI, CIO, CDO, CDIO Directrice informatique, transformation digitale, stratégie business, catalyseur de croissance, experte en nouvelles technologies, elle associe Digital et IT, stratégie et mise en œuvre opérationnelle.
À noter, qu’un très chouette portrait de Catherine a été réalisé par notre amie Caroline Raveton une des membres de la communauté “Pro de la Transfo”. On y découvre son histoire et ses passions parmi lesquelles la BD, le dessin, la philo, le hard rock et les road trip à moto ! Un portrait à lire sur le site French Women CIO
Au micro de Bertran Ruiz pour ce 76ème épisode du Podcast CIO Révolution by AirSaas, elle livre son regard sur l’agilité et la transformation digitale. Elle avoue (et c’est assez rare) avoir participé à cinq belles transfos, dont trois réussies et deux de perdues ^^. Cette grande humilité et transparence lui va bien, elle qui rappelle qu’on ne peut bien sûr pas réussir à tous les coups et qu’il s’agit avant tout d'une aventure humaine et de conduite du changement.
Au sommaire :
On vient la chercher parce que “flaggée agile”...Mais avant de prendre une mission ou un poste, Catherine propose un rapport sur la transformation. Au cours des échanges avec la DG elle s’assure d’une volonté de faire différemment...Retour sur les sujets clés et la démarche de notre invitée.
Elle aime interroger les représentations de l’agilité au sein du CODIR en posant deux questions :
Elle pose donc d’abord une interrogation !
Puis elle rappelle un point fondamental : il n’y a pas de méthodes ! On doit s’adapter à une culture d’entreprise pour petit à petit faire entrer l’agilité.
Pour Catherine, on parle beaucoup de scrum…mais ce n’est pas ça l’agilité !
Elle emploie la métaphore du deux-roues pour faire comprendre l’agilité..”Pour conduire un deux-roues dans Paris, il faut regarder dans le rétroviseur pour appréhender le futur proche, regarder à 360° sur dix mètres pour anticiper tous les risques et jeter un œil au loin pour prendre la meilleure direction ; et tout cela à « donf », avec une agilité certaine, un équipement sérieux pour tous les chocs et une faculté à se relever face à l'imprévu”.
Un point de regret, pour elle, “Souvent l’agilité est confondue avec la rapidité, c’est une calamité !”
On l’aura compris, Catherine passe un temps important à lever les incompréhensions !
Structurer la transfo digitale et agile passe pour elle entre autres par le fait d’apporter une nouvelle sémantique : PO, démarche processus, MVP, etc.
Catherine amène ces sujets en arrivant.
Pour elle “toutes les missions sont les mêmes ou presque, il s’agit souvent de diminuer la dette technique qu’il y a dans le SI et d’utiliser avec les architectes les outils best of breed. Marier le nouveau et l’ancien monde en quelque sorte”.
Un des enjeux sous jacents de cette culture agile est aussi celui de l’attractivité des organisations dans un contexte de guerre des talents. Elle rappelle que : “Toute la nouvelle génération de talents travaille en agilité. Certains candidats ont déjà dit NON car l'entreprise n’était pas agile !
En digne passionnée de Philosophie, elle affirme son envie de vouloir parfois “tuer” Descartes pour “faire sortir les CODIRS de la pensée séquentielle et verticale”, de la trop forte influence des cartésiens.
Elle ajoute que “C’est compliqué de le faire comprendre parfois à des codirs qui sont des personnalités fortes et individuelles. Dans le test des couleurs de personnalités, la plupart sont rouges et c’est souvent une lutte d'égos“ .
Il y a un (gros) challenge de changement de rôle et un enjeu de perte de pouvoir pour le comité de Direction.
À chaque fois qu’elle a réussi, elle est partie d'une feuille blanche et a créé la méthode agile de l'entreprise.
Car elle rappelle qu’il ne suffit pas de mettre des méthodes Scrum kanban… Elle est convaincue que ça ne fonctionne que si on fait “le made in entreprise” de la méthode agile qui doit se co-créer avec les différentes parties prenantes des projets.
Catherine présente les choses avec une boussole, elle situe les entreprises dans un parcours !
Elle utilise une boussole, l’agilité et la transfo, composée de 4 points cardinaux D :
Cela peut paraître anodin…Mais pas tant que ça.. Elle partage un REX sur une journée de travail autour du thème du mode opératoire des partenariats. Journée au cours de laquelle elle a utilisé des serious game. Les gens venaient la voir lors des débriefing en disant “c’est la première fois qu’ils prenaient ce temps ensemble pour partager une problématique et la résoudre.” Savoir refaire travailler tout le monde ensemble…un beau challenge à l’heure du bal des égos et d’une course à l’individualisme. De ce point de vue, elle souligne également que : “le CODIR n’est pas forcément une équipe !”
Catherine décrit en effet des CODIRS parfois dans un mode d’egos excessifs avec des incivilités chroniques. Pour préciser, elle souligne que le fait que “décadrer un codir, cela se prépare et donne des ailes à tout le monde” Il ne faut pas hésiter à remettre les gens autour de la table, c’est un vrai levier de succès”.
Personnalités autoritaires, peur de la perte de pouvoir ou de ne pas atteindre des objectifs, stressés par le toujours plus, les réticences et freins du CODIR ne manquent pas.
Parmi les différentes tactiques utilisées “pour faire grandir le CODIR” Catherine nous confie utiliser la philosophie, les REX, Serious game et testimoniaux.
Parmi les tips elle cite en exemple le fait de faire rencontrer au codir des pairs, qui ont un temps d’avance pour les acculturer sur des sujets.
Elle souligne par exemple que d’après son expérience, “l’étape du MVP est compliquée à faire comprendre”.
L’enjeu est clair : Au départ d’un projet on doit être capable de revoir les process et de les simplifier. Pour dépasser le legacy “plat de nouilles !” ^^
Elle souligne qu’ “Il faut empêcher le métier de refaire les même process sur un nouvel outil. Tout ça c’est le change qui est derrière et qui est très compliqué !”
Ce point est très important pour notre DSI : “Souvent on change un outil et le métier va refaire ce qu’il a l’habitude de faire mais avec une nouvelle techno…et ça, ça ne marche pas ! “
Catherine parle au CODIR du fameux KISS “Keep It simple and stupid”.
Ce point clé est un vrai sujet de success story. “Si on ne revoit pas le processus de départ quand on veut ajouter un outil, on se plante !”
Elle conseille aux DSI de débuter par des projets qui ne demandent pas trop de dispo métier, sur un premier quick win
Ceci étant dit, à propos du rapport à la vitesse, En bonne motarde Catherine nous confie ne pas aimer la notion de “plus rapide”. Alors qu’elle constate souvent que le DG veut travailler plus vite…
Pour elle, au départ, c’est toujours une étude de cadrage, en waterfall ou en agile ! On doit délimiter le périmètre du projet pour laisser les talents jouer dedans. Après, ça diverge. On travaillera en itération du côté de l’agilité, ou on finira le cahier des charges du côté du waterfall.
Interrogée sur son expérience d’implémentation Catherine souligne que malheureusement “on ne découvre qu’une fois dans l’entreprise sa véritable maturité et capacité à se transformer. On ne le voit pas au départ, on le découvre une fois dans ‘l’entreprise”.
Elle témoigne notamment de deux implémentations vécues, sans bien sûr en retirer de loi universelle. Une au sein d’une entreprise un peu “old school / command & control”l Ou, finalement elle est partie en agilité en 1 an ! Avec la création d’une vraie équipe métiers / tech, de MVP, quick wins, un super projet d’iOT,etc.
Alors que dans une autre entreprise ou on ne parlait que d’agilité, Catherine s’est vite rendu compte du fait que la direction ne voulait pas bouger mais au contraire rester dans un système maîtrisé. “La direction ne pouvait pas passer l’étape de la perte de pouvoir.”
Parfois ça freine très vite, surtout dans les sociétés très commerciales qui sont dans une logique de profit immédiat.
Catherine en est convaincue :
Si elle insiste sur le rôle fondamental du CODIR, sur le besoin d'exemplarité, elle souligne néanmoins que rien n’est écrit. En exemple, Catherine témoigne d’une situation avec des personnes “installées” depuis 20 ans dans des CODIRS ou cela s’est passé “super bien”.
Dans le même ordre d’idée, elle cite l’exemple des sociétés de retail qui ferment actuellement, avec une exception : la Redoute, qui elle, réussit !
Elle souligne donc le poids fondamental de la Direction et la nécessité d’avoir une DG qui se donne les moyens d’une pensée systémique, d’une capacité à sortir de la pensée séquentielle, à regarder par la fenêtre pour penser autrement ou voir le monde différemment.
Pour elle “c’est très compliqué, mais il y a des gens qui sont capables de le faire” !
Pour notre invitée, ce qui coince aujourd’hui, c’est que souvent les entreprises font appel à des cabinets pour faire des stratégies et se retrouvent avec 70 slides de chiffres en se demandant comment faire…and so what ? ”
Elle le note avec humour : “Je n’ai jamais vu un schéma directeur de 3 ans s’avérer.”
Comment faire ? Il s’agit aujourd’hui de se fixer des grands objectifs avec un plan de gouvernance élaboré avec tous les membres de l’entreprise. Pour Catherine, l’agilité réside dans la capacité de l’entreprise à revoir et challenger les grandes thématiques de ce plan de gouvernance tous les ans ou plus, pour se remettre en question constamment et bifurquer tout en gardant un cap. Catherine le rappelle: il ne faut pas confondre objectifs et stratégie !
“C’est ça l’agilité, c’est être capable de prendre le bon vent au moment où il arrive !”
Catherine partage une conviction : “Je crois beaucoup dans l’agilité au “travailler ensemble” pour produire, pour dérouler cette gouvernance en actions”.
L’un des facteurs clés de succès réside pour elle dans le fait de “co construire le plan de gouvernance avec les différents métiers pour embarquer dès le départ”.
Pour Catherine comme l’entreprise est organisée en verticalité, les gens sont empêchés par des normes. Par exemple les validations des primes, les processus d’entretiens de fins d’année... Il y a beaucoup de freins pour passer en mode agile et mode produit.!
Le podcast pour comprendre comme le métier de DSI est en train de changer. D'un métier technique à un métier orienté business, le DSI est la clef de la transformation de nos entreprises.
Chaque semaine, Bertran ruiz discute avec les CIO et DSI qui se livrent, et vous partagent leurs expériences. Un condensé de savoir et d'apprentissage.