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La DSI au centre de la cloudification et de l’automatisation des procédés - Emmanuel Nicolic - e42

Mon objectif en tant que DSI, c’est de réussir à se dégager du temps de support en affectant toutes ces tâches quotidiennes à des partenaires, pour qu’on utilise ce temps en plus pour la veille, pour mieux comprendre nos métiers.

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The Podcast in summary

La transformation numérique des entreprises touche tous les secteurs, et en particulier celui des médias. Emmanuel Nicolic est le DSI d’une société de production qui est à l’origine d’un grand nombre d’émissions et de séries. A quoi peut-on s’attendre lorsque l’on devient le DSI d’une des filiales de TF1 et comment fait-on pour mener au mieux sa transformation digitale, lorsque l’on sait que l’entreprise est constitué de nombreuses structures dispersées un peu partout dans le monde. 

La carrière d’Emmanuel Nicolic est étroitement liée au groupe TF1. Au sein de la plus grande chaîne de télévision d’Europe, il a progressivement grimpé les échelons en occupant plusieurs postes de chef d’équipe et de chef de service dans des secteurs liés à la technologie et à l’innovation. C’est en 2018 qu’il devient le DSI de Newen, une filiale du groupe TF1 spécialisée dans la production et la distribution audiovisuelle, avec un fort déploiement à l’international. 


Au sommaire de ce podcast :

I) Entre gestion des infrastructures et garant de la sécurité : être le DSI d’une société de production audiovisuelle. En tant que DSI d’une entreprise s’occupant de la production de plusieurs séries et émissions télévisées, Emmanuel Nicolic est la pierre angulaire de l’énorme volume de données vidéos et audios transitant entre monteurs, producteurs et équipes de tournage. Quelles tâches incombent ce DSI dans ce secteur si particulier ? Quel est son rôle au quotidien ?

II) Vers des défis organisationnels toujours plus complexes. Au sein d’une entreprise dont la majorité des employés sont bien loin des préoccupations technologiques, comment est-il possible d’organiser la relation entre la DSI et les métiers afin de comprendre leurs besoins et leurs nécessités pour leur proposer des outils toujours plus performants ?

III) Prendre le risque d’aller découvrir de nouvelles technologies. Emmanuel Nicolic nous présente sa méthodologie pour le moins atypique : il n’hésite pas à foncer et à tester de nouvelles technologies et à l’intégrer dans les solutions qu’il propose aux métiers car convaincu du fait qu’elles seront utilisées par tous dans les années à venir. 

I) Entre gestion des infrastructures et garant de la sécurité : être le DSI d’une société de production audiovisuelle

En tant que DSI d’une société de production audiovisuelle, Emmanuel Nicolic doit fournir des outils performants à ses collaborateurs, en lien avec le monde des médias, de la télévision et d’internet. Pour pouvoir récupérer les rushs des tournages, il doit par exemple s’assurer que les connexions internet soient performantes. Il y a une collaboration entre les équipes IT et les équipes de production en tant que telles (montage, étalonnage, son, VFX, etc.) . L’objectif de la DSI étant de faire en sorte que tous les services sur lesquelles la production s’appuie soient fonctionnels.

Comme on est au centre de grosses transmissions de données, il faut faire en sorte que l’infrastructure soit solide et performante. On est les patrons de l’infrastructure.


Historiquement, cette infrastructure était composée de disques durs qu’il fallait transporter d’un point A à un pojnt B afin que le monteur puisse réaliser correctement son travail. Tout était fait en interne, en local. Maintenant, grâce à la connexion internet haut débit, il est possible de proposer des solutions de montage, de post-production dans le cloud, d’utilisations d’outils comme ceux d’IBM Aspera par exemple pour le streaming de données. Depuis son arrivée en décembre 2018, Emmanuel Nicoli a réussi à migrer 60 % de ses workflow en interne dans le cloud.

En tant que DSI d’une société de production audiovisuelle, j’ai de nombreuses vérifications quotidiennes à réaliser en matière de sécurité, en lien avec les exigences de nos clients.

Autant pour les fonctions support, la DSI va souscrire à des solutions en SaaS ou faire en sorte de faire appel à des partenaires. Toutefois, pour ce qui est de l’infrastructure, Emmanuel Nicolic considère qu’il s’agit du cœur du réacteur pour deux principales raisons :

  • Tout d’abord car la taille des données à traiter ne fait que croître d’année en année avec l’apparition de la 4K et l’arrivée prochaine de la 8K. 
  • Mais aussi au niveau de la sécurité. Les contraintes de sécurité sont très fortes. Elles sont régies sous la norme TPN, ce qui va par exemple, obliger les équipes à mettre des caméras dans les salles de visionnage en avant-première, devant les portes des salles techniques, garder les flux vidéos le plus longtemps possible, tout comme les logs d’accès au bâtiment pendant au moins un an (pour pouvoir remonter au moment où une information a fuité si cela se produit).
Mon objectif en tant que DSI, c’est de réussir à se dégager du temps de support en affectant toutes ces tâches quotidiennes à des partenaires, pour qu’on utilise ce temps en plus pour la veille, pour mieux comprendre nos métiers.

Le premier rôle du DSI selon Emmanuel Nicoli est de faire en sorte de bien comprendre les besoins métiers, essayer de faire un “vis ma vie” avec chacun d’entre eux, pour identifier les projets prioritaires. C’est pour cela qu’il est en ce moment au centre d’un véritable défi organisationnel.

À retenir :

  • Un DSI performant est un DSI qui se tourne vers les métiers pour comprendre ses besoins. Avec une excellente gestion de l’infrastructure et une délégation des tâches liées au support à des prestataires, la DSI de Emmanuel Nicolic peut se dégager du temps pour mettre en place des projets plus complexes ou pour faire de la veille concurrentielle afin de proposer des services toujours plus performants. L’aspect sécurité n’est clairement pas à négliger, notamment lorsque l’entreprise se concentre énormément sur le transfert de gros volumes de données qui peuvent être sujets à des fuites ou des cyberattaques. Le cloud peut être une solution, qu’il faut manier avec précaution.

II) Vers des défis organisationnels toujours plus complexes

L’une des difficultés de son poste consiste à mettre du liant entre les différentes structures rachetées par la société de production. Un de ses prochains défis sera de regrouper sur un seul et même site l’ensemble de ces structures pour créer une transversalité, pour créer des labels afin de regrouper chaque employé selon ses spécialités et non pas selon la filiale dont ils proviennent.

Une fois que l’on va réussir à rapprocher toutes nos structures dans un seul et même endroit, on va être bien plus performant. Ainsi, on va pouvoir collaborer plus facilement avec différents pôles en fonction de leurs compétences, identifier des axes de travail cohérents, et donc être plus rapide, décrocher de nouveaux marchés, etc.


Il existe donc des enjeux autour de la consolidation du groupe, que ce soit au niveau de l’uniformisation des outils, des services ou bien autour de la résolution collaborative d’une problématique commune. À terme, le but est de faire en sorte que les nouveaux arrivants (suite à un rachat ou suite à une collaboration à l’international) puissent directement se pluger dans ce nouvel environnement, dans ce nouveau framework technique sans qu’il y ait un temps d’adaptation conséquent. 

Une autre difficulté réside dans la taille réduite de sa DSI, en étant cinq ou six membres, ce n’est clairement pas suffisant pour réaliser tout ce qu’il souhaiterait faire. Emmanuel Nicolic aurait besoin de plusieurs paires de bras supplémentaires pour l’aider à traiter ce changement majeur au sein de l’organisation du groupe, mais aussi pour s’améliorer dans la gestion de projet, pour pouvoir apporter des solutions plus rapidement, se rapprocher plus facilement et plus rapidement des projets, et pour la cybersécurité. 

Au sein d’une équipe de six personnes, chacun à ses spécialités, et même si chacun se documente sur un sujet qu’il ne maîtrise pas ou peu, il est complexe d’être performant à 100 %. Pour réussir à convaincre la direction générale, Emmanuel Nicolic préconise d’attendre que les transformations organisationnelles se terminent pour ensuite, prouver au Codir qu’un recrutement peut être nécessaire en lui apportant les éléments appuyant cette demande.

L’entreprise est clairement en train de s’industrialiser, donc nous aussi, à la DSI, on est obligé de s’industrialiser. Il nous faut de vrais pôles de compétences et d’expertise, et cela passe par le recrutement.


S’il avait la possibilité de choisir plusieurs profils immédiatement, il n’hésiterait pas à recruter : 

  • Un “chef de projet”, une personne qui va devoir se rapprocher des métiers à l’instar d’un IT Business Partner. Pour caricaturer, ce profil sera constamment au plus près des métiers afin de créer ce liant entre la DSI et les directions et comprendre leurs besoins au quotidien. En plus de ça, elle sera là pour de la gestion de projet.
  • Un développeur en interne. Dans le cadre de la stratégie de cloudification et d’automatisation massive de Newen, il y a besoin de relier certains systèmes. Il devra ainsi développer des API, développer des services, des produits en low-code/no-code et automatiser de nombreuses choses qui sont encore aujourd’hui faites manuellement. 
  • Un cloud architect avec une casquette de cybersécurité, up to date, qui aiderait la DSI à mettre en place le bon monitoring, le bon niveau d’alerte, qui s’occuperaient des procédures à suivre en cas de cyberattaques, etc.


À retenir :

  • En réogranisant les différentes structures et en les rassemblant en un seul point, Emmanuel Nicolic espère fédérer les différentes équipes. Ainsi, plusieurs pôles seront crées en fonction des compétences et non plus en fonction de la structure d’origine, ce qui permettra de cerner au mieux les besoins selon les métiers et nons plus selon les organismes. Avec une DSI à taille réduite (6 membres pour 1 000 collaborateurs au bas mot), l’objectif est de faire en sorte d’avoir une équipe polyvalente, avec des profils pouvant s’adapter selon les besoins et les projets. S’il en avait la possibilité, Emmanuel Nicolic aimerait recruter un chef de projet, proche des métiers, un développeur qui pourrait proposer des solutions rapidement en fonction des besoins métiers et un cloud architect spécialisée dans la cybersécurité pour être en lien avec les problématiques du milieu de la production audiovisuelle.

III) Prendre le risque d’aller découvrir de nouvelles technologies

Emmanuel Nicolic se focalise sur une typologie de technologie : le cloud. Dans son secteur, le fait de pouvoir conserver, stocker des données est une vraie problématique. Il ne se contente pas de regarder les solutions en s’appuyant uniquement sur le ROI, trop tourné vers une plus-value économique. Il prend en compte d’autres aspects comme la vitesse de calcul des données, le type de stockage en fonction des besoins de rapidité et de volume des données.

L’idée lorsque l’on souhaite implémenter une nouvelle technologie comme le cloud, c’est d’y aller jusqu’au bout. Se faire une idée sur le papier n’est pas suffisant, il faut tenter !


Emmanuel Nicolic n’hésite pas à prendre des risques, en prenant en compte son budget, grâce à son travail de veille, pour proposer de nouveaux services aux métiers. On est sur une stratégie de quitte ou double : si le produit développé fonctionne en fonction des besoins métiers, le collaborateur est content et la DSI aura réussi son pari d’implémenter une nouvelle technologie. Si le produit n’est pas convaincant, pas de problème, la DSI sait désormais que cette voie n’est pas la bonne, du moins, pour le moment.

En tentant, en développant de nouvelles solutions grâce à de nouvelles technologies, on se donne une vision à date. Il est tout à fait possible qu’une technologie complétement déphasée de la réalité du moment en 2022 soit une vraie révolution en 2023.

C’est en utilisant cette méthodologie qu’il va tenter, en 2022, avec l’IA et plus particulièrement grâce au machine learning, de faire en sorte que toutes les directions puissent intervenir directement sur une piste vidéo en partageant un rush ou un début de montage. Un producteur pourra proposer ses annotations directement grâce à l’outil, le monteur pourra prendre en compte ces conseils pour réaliser au mieux son montage. Sur le papier, il y a une promesse : si certains auraient été réticents, Emmanuel Nicolic, lui, va foncer et tester plusieurs outils.

Contrairement à aujourd’hui, les directions générales et les directions métiers devraient avoir plus de compétences à l’avenir autour de l’IT. Il y a de grandes chances qu’à l’avenir, la direction de l’innovation des entreprises puisse fusionner avec les DSI, tant ces directions tendent à se ressembler.

Les métiers se transforment à une très grande vitesse. Aujourd’hui, la durée de vie des compétences est en moyenne de cinq ans. A l’époque de nos parents, on tablait plus sur une cinquantaine d’années.

Il ne faut hésiter à prendre du temps pour la veille informationnelle pour regarder les dernières nouveautés. Il est aussi possible, grâce aux avancées technologiques, de suivre des cours en ligne et donc de se former facilement en ligne grâce à des MOOC par exemple. C’est quelque chose qu’il faut dégager sur son temps personnel et pas sur son temps professionnel. 


À retenir :

  • La méthodologie d’Emmanuel Nicolic est assumé : s’il est possibile financièrement de tester de nouvelles solutions qui pourraient fonctionner sur le papier, alors, n’hésitons pas à les tester. En testant ces nouveautés, Emmanuel Nicolic fait un pari quitte ou double : soit son produit fonctionne, ce qui contente les métiers pour lesquels l’outil sert et répond aux besoins, s’il ne fonctionne pas, tant pis, on passe à autre chose. Néanmoins, il reste convaincu qu’une technologie pas en vogue en 2022 peut être celle de demain. En testant ces nouveautés, il pourra ressortir ses cas d’usage du placard si en faisant sa veille, il remarque qu’une entreprise ou deux a reussi à exploiter la dite technologie avec succès et ainsi, reprendre son avance sur les autres.


Conclusion

Je suis un véritable passionné d’IT. DSI, c’est un métier que j’adore : il n’y a pas deux journées qui se ressemblent et je traite des problématiques en constante évolution.


Emmanuel Nicolic est un DSI qui s’occupe de plusieurs choses et qui n’hésite pas à foncer. Tout d’abord, en arrivant au sein de Newen, son premier défi aura été de gérer l’infrastructure cloud de l’entreprise afin que les transferts de données puissent se faire rapidement et efficacement. En plus des contraintes de performances, il doit également s’occuper de la contrainte de la sécurité. De nombreuses fuites peuvent entacher des semaines, voire des mois de travail. 

Deuxièmement, il souhaite évidemment axer son travail sur le besoin des métiers, ce qui passe par une restructuration de l’organisation de Newen au niveau de ses différents groupes. Il souhaite condenser l’ensemble des structures appartenant à l’entreprise en un seul et même lieu afin de regrouper les employés selon leurs profils et leurs compétences. Ainsi, les besoins métiers seront plus facilement compréhensibles et les problématiques deviendront communes et non plus individualisées par structure. 

Enfin, Emmanuel Nicolic nous fait part de sa méthodologie : il faut foncer. Si une technologie semble correcte sur le papier, que les finances le permettent et qu’elle peut répondre au besoin d’une ou plusieurs directions métiers, il n’hésite pas à la mettre en place et à créer un cas d’usage concret. C’est du quitte ou double : si l’outil fonctionne, les directions métiers sont satisfaites et l’entreprise prend un coup d’avance sur l’ensemble de ses concurrents. S’il n’est pas adapté, ce n’est pas perdu : la technologie ne tombera probablement pas dans l’oubli et pourrait bien vite faire son retour dans les années à venir…

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Bertran Ruiz
CEO AirSaaS

CIO Revolution: The podcast for modern CIOs

The podcast to understand how the CIO job is changing. From a technical profession to a business-oriented profession, the CIO is the key to the transformation of our companies.

Every week, Bertran Ruiz talks to the CIOs and CIOs who are involved, and share their experiences with you. A compendium of knowledge and learning.

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