“On confronte les avis, on tâtonne, on essaie de savoir quel modèle est le mieux. Qu’est-ce que ça représenterait de prendre une brique qui nous intéresse pour répondre aux besoins d’un métier, pour venir la faire parler avec un ERP performant, donc totalement dans un modèle best of breed : on conserve un ERP “corps” auquel on choisit les meilleurs outils pour les meilleurs usages.”
Avec la transformation des entreprises, les DSI doivent de plus être réactif pour répondre aux besoins des métiers. Pour cela il faut être agile à tout les niveaux, organisationel, humain et technique !
Serge Maurey le sait, c’est l’avenir, c’est ce qui permet d’accroître la croissance et la dynamique d’une entreprise. Toutefois, pour plus d’agilité, il faut savoir quel modèle IT mettre en place pour s’adapter aux besoins et aux enjeux des différents collaborateurs de l’entreprise : faut-il s’appuyer sur un modèle monolithe ou sur du “best of breed”, un modèle plus hybride centré sur les microservices. Cet épisode s'inscrit dans la saison dédiée à la révolution numérique dans l'industrie et à l'industrie 4.0.
La carrière professionnelle de Serge Maurey est très remplie. Après avoir fait ses preuves en tant qu’ingénieur système, consultant en SI et project manager, il rejoint en 2004, la coopération de consommation COOP-CNP pour laquelle il est d’abord CTO puis CIO. Après un passage chez Orange en tant que spécialiste de la cybersécurité, il est depuis 2021, le DSI du groupe CMR, entreprise spécialisée dans l’instrumentation.
I Prendre le temps de l’audit pour mieux saisir les enjeux et besoins de l’entreprise. Serge Maurey est depuis peu, le DSI du groupe CMR. En arrivant dans cette nouvelle entreprise, il a pris le temps de mieux comprendre les enjeux et les besoins des directions métiers, des filiales mais aussi de mieux se renseigner sur les compétences de ses équipes pour mettre en place sa méthodologie.
II) L’agilité au cœur de la SI dans l’industrie : le modèle Best of Breed au détriment du modèle monolithe. Afin de garantir un maximum d’agilité au sein de toutes les entités de l’entreprise, Serge Maurey a dû se poser un grand nombre de questions sur la méthodologie qu’il doit employer. Plutôt team monolithe ou best of breed ?
III) Réussir à trouver les bonnes briques et la bonne gouvernance pour construire un SI en mode lego. Dans cette partie, Serge Maurey s’interroge sur les briques nécessaires pour construire une infrastructure SI de qualité, ne négligeant pas certains aspects qui pourraient faire ralentir la transformation numérique de l’entreprise.
Selon les dires de Serge Maurey, le groupe CMR est une “petite grande entreprise” fondée à la fin des années 50. L’entreprise s’est énormément diversifiée au fil des années. Si à ses débuts, elle s’est focalisée sur la réparation et la maintenance d’instruments de mesure utilisées dans la marine, ses activités se sont beaucoup diversifiées, que ce soit dans les produits désormais proposés ou dans les secteurs dans lesquels elle intervient. Aujourd’hui, près de 1 000 personnes travaillent dans le groupe.
Arrivé dans le groupe CMR il y a quelques mois seulement, Serge Maurey a pris ses marques en prenant la mesure des projets, des sujets, des enjeux, des besoins, qui sont très nombreux. Malgré le fait qu’on ne soit pas dans une énorme production industrielle chez CMR Group, il est tout de même assez évident de saisir le sens de l’entreprise, ses axes d’amélioration et stratégiques, ses projets phares, car tout est focus sur son activité principale.
En plus des clients externes, Serge Maurey doit également travailler pour des clients internes, et ce, bien plus constamment qu’avec ses partenaires en externe. La DSI va pouvoir ainsi apporter des solutions aux métiers en fonction de leurs besoins et de leurs problématiques, ce qui permet de garder l’équipe IT constamment active.
Comme beaucoup d’entreprises, les briques qui constituent le legacy restent assez récentes. Cela fait que l’entreprise possède un ERP monolithe qui gère une partie de la finance, qui gère les planifications. Il considère que cet outil répond à un bon nombre des besoins des métiers, mais clairement pas à tous.
Dans la réflexion qu’il mène, Serge Maurey doit prendre en compte plusieurs aspects. Comme l’entreprise s’est construite sous un format où des activités ont été prises en charge par d’autres filiales à l’étranger, celles-ci ont acquis des manières de travailler qui sont parfaitement adaptées et qu’il est difficile de remettre en cause.
On sent que Serge Maurey est partagé par l’ERP actuellement utilisé au sein de CMR Group. D’un côté, est-ce que cet outil est le meilleur pour ce qui est de la production ? En soi, cela est possible car il a déjà fait ses preuves dans le cadre de plusieurs projets en interne. D’un autre côté, certaines activités sont moins adaptées à cette ERP, et la DSI sent qu’un autre outil plus performant et plus englobant, ou connecter d’autres fonctionnalités à l’ERP pourrait être une bonne chose pour évoluer et franchir un cap supplémentaire.
Techniquement, il est compliqué de créer cette connexion entre ERP et nouveaux outils, même si ce modèle hybride “best of breed” est partiellement présent. Pour Serge Maurey, il s’agit d’une potentielle difficulté, mais aussi d’une opportunité. Il a besoin de faire appel à d’autres ressources, d’autres flux, d’autres interfaces techniques et d’autres compétences pour être impliqué au maximum dans le best of breed.
Le passage vers un modèle best of breed est de plus en plus possible grâce à la diversité de l’offre proposée, des solutions en étagère qui sont de plus en plus faciles à utiliser et à intégrer dans l’infra de l’entreprise. De plus, il n’y a pas que des ERP, il y a également des CRM, des produits, qui ont mûri par eux-mêmes. Aujourd’hui, au lieu d’avoir une solution 100 % intégrée, on a des solutions spécialisées plus agiles.
Par la suite, Serge Maurey fait référence à la gestion de la data dans les data warehouse via le processus ETL ou reverse ETL pour ensuite, revenir sur la notion d’agilité.
Si on raisonne ERP monolithe, il ne faut pas que cela “sclérose” l’entreprise, selon les dires de Serge Maurey. Le jour où l’entreprise se développe vers d’autres activités, il sera compliqué de faire en sorte d'accommoder cet outil aux nouveaux besoins et aux nouveaux enjeux de l’entreprise. Au lieu de s’aligner et de développer l’agilité de l’entreprise, on pourrait freiner le développement et la croissance de la société.
La capacité à conserver un modèle monolithe dépend énormément de la capacité de l’équipe IT, plus qu’un modèle best of build, qui s’appuie sur tous les étages d’une entreprise. Si les compétences nécessaires sont présentes au sein de cette équipe, le modèle monolithe peut être conservé. C’est aussi une méthodologie qui est plus reposante d’un point de vue technique et IT.
Dans une structure plus petite, multiculturelle, avec un grand nombre d’activités, comme le groupe CMR, l’avantage du best of build est considérable. Dans la conduite du changement, cette méthodologie est bien plus intéressante. Elle va aussi indirectement prouver à l’utilisateur que les solutions qu’on lui propose sont bel et bien adaptées à ses besoins, contrairement au modèle monolithe, où l’outil se devra d’être le plus polyvalent possible.
III) Réussir à trouver les bonnes briques et la bonne gouvernance pour construire un SI en mode lego
Dans le modèle proposé par la DSI de CMR Groupe, cette dernière a été guidée par les caractéristiques techniques des différentes briques. Pour Serge Maurey, la facilité d’accès à la data va faciliter la gouvernance. Si une ERP est présente dans le SI d’une entreprise depuis un moment, il s’est aperçu que si la donnée doit être partagée, il faut donner de la visibilité dessus.
Parmi les grosses briques, les gros legos qu’une DSI va assembler à coup sûr pour avoir une infrastructure SI complète, on retrouve :
La DSI ne peut pas se permettre de choisir tout et n’importe quoi comme technologie et/ou solution, sous prétexte qu’elle est innovante. Peut-être que certaines restrictions ou certains problèmes techniques peuvent exister qui peuvent mettre à mal toute la mise en place ou l’efficacité d’une brique. Serge Maurey a un œil critique là-dessus.
Bien entendu, les utilisateurs sont aussi parties prenantes dans le choix des briques et des outils. Ce sont eux qui, au final, seront le plus souvent au contact avec la solution et qui l’utiliseront pour leurs tâches quotidiennes. Leur avis est donc primordial.
En arrivant en tant que DSI dans une nouvelle entreprise, Serge Maurey s’est très vite acclimaté. Il a immédiatement décidé d’auditer de nombreux aspects de l’entreprise : des besoins des directions métiers, au legacy, en passant par la dynamique et la stratégie adoptée par CMR Group.
Avec ses équipes, il s’est demandé quel modèle il était intéressant de choisir pour développer un maximum d’agilité, agilité très utile pour mener à bien une transformation numérique. L’entreprise exploitant déjà un embryon de best of breed, il a décidé de choisir cette voie, au détriment d’un modèle monolithe.
Grâce à la revue des activités qui a duré plusieurs mois, il a pu se poser les bonnes questions pour concevoir une infrastructure SI en légo.
Le modèle best of breed possède plusieurs avantages qui peuvent servir à la fois la DSI (meilleure utilisation des compétences en interne, permet de réaliser une veille des dernières solutions et de se tenir au courant des innovations, meilleure gestion du legacy, meilleur empilage de briques, etc.) et aux utilisateurs (ces derniers devenant les maîtres et les garants du bon fonctionnement et de la bonne implémentation d’une solution car ce sont eux qui donnent leur avis sur la fiabilité de l’outil qui est censé répondre à leurs envies et leurs besoins).
La maturité des solutions métiers est de plus en plus forte ce qui permet de choisir des solutions spécifiques VS une solution unique. Les enjeux d'intégrations sont toujours là mais tendent à se simplifier grâce aux outils ETL et Reverse ETL.
The podcast to understand how the CIO job is changing. From a technical profession to a business-oriented profession, the CIO is the key to the transformation of our companies.
Every week, Bertran Ruiz talks to the CIOs and CIOs who are involved, and share their experiences with you. A compendium of knowledge and learning.