L’avenir est à l’hybridation entre saas et infra on premise avec l’Opensource pierre angulaire et variable d’ajustement qui contribue à l’équilibre des architectures et budgets.
C’est un DSI touche à tout et pragmatique avec plus de 20 ans d’expérience dans l’informatique qui partage au micro de Bertran Ruiz, CEO d’AirSaas, son expérience depuis 2018 au sein de la mairie de la ville de Colomiers.
Bienvenue dans ce 78e épisode, hors série du Podcast CIO Révolution by AirSaas.
Un rapide mot de contexte : La ville de Colomiers est la seconde commune de Haute Garonne après Toulouse. Elle compte un peu plus de 40 000 habitants et héberge sur son territoire notamment une partie des usines Airbus.
Côté périmètre on est sur 1 300 agents qui travaillent depuis 40 sites géographiques.
Écoles, crèches, centre d'action sociale, EHPAD municipal, accueil citoyen, services aux citoyens...le panel d’activités est très large !
Nicolas est à la tête d’un Pôle Systèmes d'Information, directement rattaché au DGS de la Mairie de Colomiers. Il gère tout ce qui touche à l'IT au sein de la collectivité, du poste de travail, aux logiciels, à l'infrastructure serveurs et réseaux, jusqu'à la vidéo protection, la cyber sécurité et la SmartCity. A cela, il faut rajouter le service reprographie, l'imprimerie et le magasin de fournitures de bureau. Pour tous ces services, le Pôle est constitué d'une équipe de 16 personnes.
Se voyant comme un « apporteur de solution » à l’écoute des problématiques, il aime trouver puis mettre en place la solution la plus adaptée. Nicolas porte une vision assez assez affirmée de l'intérêt et des enjeux autour de l'open source, notamment en lien avec l'évolution des coûts des SaaS.
Son histoire intéressera les collectivités et plus globalement toute structure qui a des enjeux de coûts et de sécurité.
Au sommaire :
De plus en plus de services avec de moins moins de dotations
L’équation économique des collectivités territoriales décrite par Nicolas à de quoi donner le tourni ! …. Comme pour tous, le contexte de la crise énergétique grève les budgets, mais en prime, il subit également une tendance à la baisse globale des dotations de la part de l’état malgré des champs d'action des communes en train d'augmenter.
“ On donne de plus en plus de services aux citoyens, donc nos charges augmentent aussi. Donc obligatoirement, il y a à un moment donné, effectivement ça coince quelque part, il faut optimiser et c'est un gros sujet pour nous DSI de trouver les axes d'optimisation pour amener des solutions à nos agents, pour amener des solutions directement à nos citoyens tout en maîtrisant nos coûts et évitant les explosions.”
S’adapter face à l’inflation des tarifs des éditeurs
Outre ce contexte public lié aux collectivités et à la conjoncture énergétique Nicolas décrit également un contexte d’inflation des tarifs des éditeurs.
“Sur nos logiciels métiers le licensing en mode saas, peut représenter un coût jusqu’a à dix fois supérieur à l’ancien tarif. Il est évident que ça nous oblige à nous poser la question des autres solutions. Et dans le sourcing maintenant, il est difficile de ne pas regarder l’open source”.
Rien que cette année Nicolas a vu deux logiciels prendre 12 et 15 % d'augmentation.
Il l’avait constaté depuis quelques temps qui plus est dans le milieu, budgétairement plus sensible, de la “territoriale” le coût des Saas pesant sur les budgets des mairies ne lui permet pas de déployer toutes les solutions rendues nécessaires par une activité de plus en plus variée.
De plus en plus de prérogatives sont déléguées par l’état aux collectivités mais face à des moyens limités…Nicolas cherche à commencer à travailler sur des sujets sans aller vers des solutions…Inadaptées budgétairement.
Pour lui c’est sans appel :
Distinguer les besoins des logiciels métiers et des logiciels “périphériques” secondaires.
Sur les progiciels métiers, Nicolas ne cherche pas à concurrencer les saas bien sur. Mais sur ce qu’il nomme les logiciels périphériques, il le souligne : “L’open source est plus justifié sur les logiciels supports / secondaires.”
Pour notre DSI, outre l’avantage financier éventuel, l’autre intérêt de l’open source c’est de pouvoir faire du maquettage rapide.
Nicolas évoque en outre la librairie mise à disposition par le gouvernement avec le Socle interministériel de logiciels libres. Il souligne qu’il y'a un catalogue de solutions tellement important qu'on peut essayer de coller au mieux à l'usage demandé.
Il rappelle en outre que sur cette question de l’usage réel des solutions type Office 365, les utilisateurs se servent d’un pourcentage limité des suites applicatives et qu’on paye un surcoût en quelque sorte.
Pour notre invité c’est clair “ On a besoin d'immédiateté, on a besoin de réactivité, on a besoin de sécurité de nos données. L'hybridation me paraît naturellement quelque chose qui va se mettre en place.”
Il confirme que pour lui : “L'époque où on faisait des schémas directeurs sur cinq ans, bien tracés, bien posés est révolue. Si vous n'êtes pas un minimum agile, vous allez dans le mur parce que maintenant, du jour au lendemain, vous allez avoir des contraintes budgétaires supplémentaires ou vous allez avoir des demandes supplémentaires différentes avec des priorisations qui changent en accord avec la direction. Il faut savoir être très réactif. C'est un travail de tous les jours.”
Pragmatisme vs dogmatisme
Avant tout, Nicolas le rappelle d’emblée il ne fait pas partie des “intégristes” de l’open source, …C’est d’abord un pragmatique ! “Je regarde d’abord le rapport qualité prix usage et le critère de souveraineté.”
Sa DSI s’ouvre de plus en plus…et bascule en Saas, soit quand il n’a pas le choix…(fin de support on prem de l’éditeur par exemple). Ou sur des contraintes de mobilité, ou d’hébergement de données de santé notamment.
Open source ne veut pas dire gratuit !
Nicolas le rappelle, le coût des dépenses d'exploitation (OPEX) en terme de personnel pour gérer des infrastructures n’est pas négligeable !
“Ce que vous ne faites pas faire par un éditeur tiers…vous le faites !” rappelle-t-il.
En outre faire fonctionner une infrastructure nécessite des compétences et expertise Linux par exemple.
Pour lui..c’est jouable avec des compétences internes et ou des bons prestataires locaux.
Ceci étant il rappelle qu’il est parfois difficile d’attirer des talents notamment en raison d’un statut complexe de contractuel. Néanmoins Nicolas pense qu’on peut attirer du monde avec des projets et challenges facteur d’attractivité !
Il en profite pour garantir aux futurs collaborateurs qu’’ils ne ne “vont pas s’ennuyer à la mairie de Colomiers !”. “Les chevaliers du fiel..c’est une caricature” glisse t-il avec humour.
Avoir conscience des différences notables en termes d’expérience utilisateur
Si vous comparez les solutions open source avec les GAFA, fonctionnellement parlant, les utilisateurs vous disent l'autre était mieux et ça se comprend. Les produits sont vraiment bien réalisés.
“Si vous habituez automatiquement tous les utilisateurs à la Rolls, c'est difficile.”
Pour Nicolas c’est clair : Il faut comparer ce qui est comparable ! Gafa et Open source….non !
Ne pas oublier de contribuer / Participer à la communauté
Dès qu’il le peut le DSI de la ville participe en prenant les maintenances, les plugins payants…Mais pas de don direct à ce jour. Cela lui permet de contribuer à l’avancement des solutions.
Faire avec le risque lié à la pérennité des solutions open source
Nicolas rappelle enfin une des objections fréquentes soulevée par les détracteurs de l'open source.” Souvent on nous disait à juste titre d'ailleurs mais vous savez pas si la société demain, elle va exister encore. Est ce que ce n'est pas un risque ? Et c'en était un ! Et ça reste aussi un risque aujourd’hui”.
Cependant il souligne que “La plupart des solutions que nous utilisons sont adossées à des sociétés à but lucratif et qui évoluent très bien. Maintenant, vous avez des solutions open source matures sur la téléphonie, sur du travail collaboratif, sur des des logiciels de gestion. Mais c'est vraiment maintenant un écosystème qui qui évolue dans le bon sens et qui va devenir solide.”
Il pense que les contraintes de souveraineté justement font que maintenant elles auront de plus en plus de clients et du coup elles évolueront d'autant mieux dans l'avenir.
Des transversalités “hors-silos” plus faciles ?
En conclusion de l’épisode Nicolas soulève un des derniers avantages qu’il trouve à un des défauts de l’open source, dans son contexte particulier.
En effet, constatant que de plus en plus “chacun travaille dans chaque métier, dans son petit bout de coin” ne voyant pas ce que fonts les collègues à côté. Il regrette le manque d'interaction entre les services. Pour lui l'avantage éventuel des solutions open source est que l’on peut les modifier ou les faire modifier par des partenaires avec un peu de développement transverse. Cela permettant de compenser les manques que l’on pourrait avoir avec des logiciels métiers incontournables.
“Une souplesse qu’on aurait pas avec des solutions métiers en silos”
The podcast to understand how the CIO job is changing. From a technical profession to a business-oriented profession, the CIO is the key to the transformation of our companies.
Every week, Bertran Ruiz talks to the CIOs and CIOs who are involved, and share their experiences with you. A compendium of knowledge and learning.