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Saison 2 : La Révolution numérique dans l'industrie

Les enjeux SI d’une PME qui se transforme en ETI - Emmanuel Artigue

"Pour moi, lorsqu’une entreprise comme une PME devient une ETI, c’est à ce moment-là qu’elle se rend compte qu’elle n’a plus que jamais besoin de la DSI."

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The Podcast in summary

Toute entreprise, lorsqu’elle est créée (et si elle n’est pas rattachée à une société mère), débute en tant qu’embryon. Progressivement, et dans le meilleur des cas, elle va accumuler des réussites qui vont faire grandir la structure. De TPE, l’entreprise passe à PME puis à ETI. Dans cet épisode, Emmanuel Artigue revient sur sa position de DSI dans une entreprise qui va très prochainement devenir une ETI dans ce nouvel épisode de la saison dédiée à la révolution industrielle et à l'industrie 4.0

Tout au long de sa carrière, Emmanuel Artigue a été le responsable des systèmes d’information des entreprises pour lesquelles il a travaillé : pendant 11 ans pour Tech Innovation, avant de rejoindre Petit Forestier, une filiale ALP, puis l’Ordre des géomètres-experts, pour enfin devenir le directeur des systèmes d’information de Toupret, leader français des enduits et des préparations de murs.

Au sommaire de cet épisode :

I) Réussir à franchir un cap supplémentaire et à proposer des solutions très performantes. Après de nombreuses années de dur labeur, Toupret change de statut et devient une ETI. Ce changement nécessite une unification des procédés au sein de toutes les filiales et donc, de proposer des solutions technologiques toujours plus performantes et adaptés à tous les secteurs de la firme.

II) Quels changements apportés par la transformation : externalisation des compétences, SLA, nouvelles technologies. Les enjeux d’une transformation numérique au sein d’une PME et au sein d’une ETI ne sont pas les mêmes. On va demander à une entreprise qui grandit, des compétences, et des exigences bien plus fortes et assumées que lorsqu’elle était moins dynamique.

III) Structuration de la gouvernance et rôle prépondérant du DSI. Emmanuel Artigue revient sur le rôle du DSI, sa posture, ses compétences, les techniques qu’il utilise pour convaincre le Codir de l’importance de l’IT et des SI pour la croissance et la transformation de l’entreprise.

I) Comment réussir à franchir un cap supplémentaire et à proposer des solutions très performantes

L’entreprise Toupret est en pleine transformation numérique. En plus de cela, l’entreprise va passer un cap très important : en s’implantant de nouveaux bureaux dans d’autres régions françaises et dans de nombreux pays (20 en tout), et en recrutant de nouveaux employés, elle devient progressivement une entreprise de taille intermédiaire (ETI). Elle va prochainement passer, le seuil des 250 collaborateurs d’ici quelques semaines.

Ce qui fait tout le charme de Toupret, c’est que notre croissance est porté par l’internationnal et qu’on cherche maintenant à se développer encore plus dans ces pays, que en Espagne, en Suisse, en Pologne, dans le Benelux, au Royaume-Uni et même en Afrique du Nord.

Jusqu’à maintenant, ces filiales étaient semi-intégrées : certains d’entre elles disposent de l’ERP de la maison mère (et donc de solutions unifiées), et d’autres sont indépendantes (de par leur taille ou de par la spécificité de leur marché). Aujourd’hui, la DSI essaie de leur fournir un maximum d’agilité tout en leur proposant des outils informatiques : le but étant d’unifier le cadre data, unifier le cadre ERP pour éviter au maximum, tout problème d’utilisation et tout ralentissement lié à la non-maitrise d’une solution.

Aujourd’hui, l’IT supporte l’intégration globale des outils. On essaie de promouvoir des outils et une consolidation des outils à l’internationnal de manière à faire en sorte de pousser des outils performants que les filiales ne pourraient pas forcément acheter.

Dans les filiales et dans les services périmétriques de la société, il y avait également du Shadow IT. Emmanuel Artigue le dit : on ne peut pas le combattre, donc on doit s’adapter, vivre avec, et le gérer. 

Sur ses vingt années d’expérience, la direction métier avec laquelle Emmanuelle Artigue a le plus souvent travaillé est celle des ressources humaines. Régulièrement, il se pose un grand nombre de questions et sollicite les équipes RH pour y répondre : Comment on conduit le changement pour les utilisateurs, opérationnellement parleur, pour les opérateurs, comment on explique la digitalisation des métiers, comment peuvent-ils appréhender ces nouveaux outils ?

A l’heure actuelle, dans les ETI et les PME, s’il y a une équipe SI/tech, la technologie, elle est maitrisée. Donc les enjeux pour réussir à accélérer la transformation, ils ne sont pas là, l’enjeu, il est dans le facteur humain.

À retenir :

  • La dynamique de Toupret s’appuie essentiellement sur son développement à l’internationnal. Puisque ses filiales à l’étranger lui ont permis de franchir un nouveau cap, la DSI va tout particulièrement s’interesser à leur cas afin d’unifier les outils qu’ils utilisent tout en conservant une part d’autonomie. La relation avec la direction des ressources humaines et la DSI est importante. C’est en travaillant main dans la main qu’ils pourront essayer de voir ensemble, s’il est possible de déployer certains types de solution et voir quelle méthodologie il peut être pertinent d’utiliser pour que l’appropriation de ses outils se fasse au mieux.

II) Quels changements apportés par la transformation : externalisation des compétences, SLA, nouvelles technologies

Initialement, chez Toupret, nous avions une équipe IT composé de huit personnes et nous étions focus sur une stratégie où nous faisons tout nous même. Néanmoins, en passant de PME à ETI, on voit bien qu’on ne peut plus avoir toutes les compétences IT dans une équipe de cette taille.

Si à l’origine, Emmanuel Artigue était pour l’utilisation des compétences internes, il s’est rendu compte que pour accélérer la transformation numérique de l’entreprise, il était obligé d’externaliser certaines compétences auprès de prestataires. Certaines des secteurs dont la gestion a été externalisée étaient critiques, sur lesquels il y avait besoin d’avoir de fortes disponibilités (infogérance, ERP, etc.). Toutefois, d’autres compétences restent l’affaire de l’équipe IT comme la définition des interfaces, car il considère que son équipe doit avoir un leadership sur la data.

Dans la vision PME de l’entreprise, il y avait 90 % en interne pour 10 % en externe. À l’heure actuelle, les chiffres se sont équilibrés : 50 % des compétences sont internalisées et le reste externalisé. A terme, l’objectif est de faire en sorte de plus de ⅔ des compétences soient gérées par des partenaires externes.

On sait que Toupret est une petite ETI et qu’elle ne peut pas se prémunir de toutes les attaques comme le ferait une structure bien plus grande. Donc on va faire en sorte que l’ensemble de la société puisse fonctionner même si un business unit est compromis par une attaque.

Dans chaque BU et dans chaque SI, il existe des processus sécurisants chaque outil, pour faire en sorte que si l’un d’entre eux est attaqué, ce ne soit pas l’ensemble de la firme qui soit touché. La multiplication des outils nécessite donc, une grande vigilance.

Emmanuel Artigue le sait, Toupret a un SI qui date d’une vingtaine d’années et sur laquelle, un bon nombre de briques ont été posées. Avec ce passage vers un statut d’ETI, tout doit être refait, des couches les plus basses aux plus récentes : revoir tout le cabling, le switching, les serveurs, mettre en place des interconnexions avec des data centers, etc. L’objectif est aussi de minimiser le risque de pannes et d’attaques. 

Par le passé, il considère que le service level agreement (SLA) n’était pas si mauvais, il tablait sur du 97 %. Néanmoins, lorsque l’on grandit, lorsque la croissance l’oblige, on doit atteindre des chiffres proches de la perfection, aux alentours de 99,8 %. Les risques doivent être minimes et minimisés.

Aujourd’hui, nos principaux clients sont d’immenses groupes. Ils demandent logiquement à ce qu’on ait des interconnexions avec eux du même niveau que les leurs. Pour être capable de se mettre à niveau, on est obligé de surperformer.

À retenir :

  • 70/30 : c’est la part des compétences externalisées/internalisées qui devraient être attribuées d’ici quelques mois. Cet objectif découle inévitablement du passage de Toupret du statut de PME à celui d’ETI. S’il est obligé d'externaliser certains projets, Emmanuel Artigue a à coeur de conserver certaines compétences en interne, notamment en lien avec la gestion de la data. La sécurité est un point prépondérant en lien avec l’évolution de l’entreprise. Plus celle-ci se développe, plus il est interessant d’exploiter de nouvelles ressources et donc de nouveaux outils, et plus les failles de sécurité peuvent apparaître. Tout un travail sur le legacy est donc à faire, et ce à tous les niveaux, de l’infrastructure aux serveurs. Pour certains de ses gros clients, cette refonte est même considéré comme un gage de qualité.

III) Structuration de la gouvernance et le rôle du DSI

Le passage à l’ETI, c’est sans aucun doute le moment où les entreprises comprennent le plus qu’elles ont besoin d’un DSI, selon Emmanuel Artigue. Il va avoir plusieurs casquettes : 

  • Celui du technologue, où il s’appuie sur ses collaborateurs pour connaitre les dernières tendances, les nouvelles technologies, celles les plus pertinentes, répondant aux besoins des filiales, des business unit, des directions métiers.
  • Celui du stratège. Il va se poser une question majeure : où est-ce que veut aller la société, quel est son but ultime, et comment l’IT et les SI vont parvenir à assouvir cet objectif. 
  • Celui de l’opérationnel. La société a besoin de processus et l’IT doit s’adapter à ces processus. La DSI formate le processus de l’entreprise.
Embaucher au plus tôt un directeur ou un responsable des systèmes d’information, c’est anticiper le futur. Si on s’occupe d’abord de la croissance pour ensuite se préoccuper des questions IT, l’entreprise va payer les pots cassés ultérieurement, x2 voire x3 par rapport à une transformation numérique anticipée. Ce sont des processus chers, qui mettent du temps à se mettre en place.

Il y a vingt ans, il y avait des administrateurs système et des développeurs. Aujourd’hui, si on regarde le nombre de métiers dans le référentiel informatique, il est bien plus conséquent que des secteurs qui sont prédominants depuis des décennies. Donc, il y a une complexité pour les entreprises, de recruter et de recruter de telle manière à acquérir le plus de compétences possibles pour enclencher une véritable transformation numérique.

Le DSI est techniquement le seul collaborateur de l’entreprise, qui doit avoir des compétences en lien avec l’IT mais aussi en lien avec les business unit de l’entreprise. Malheureusement, Emmanuel Artigue se rend à l’évidence : cela fait bien longtemps que le DSI n’est plus l’expert sur chacun des métiers des collaborateurs de l’entreprise, car il n’a pas forcément assez de temps pour assurer une veille correcte.

Il y a aussi un phénomène de croissance et de compétences : quand on a environ 180 projets en cours, plus ou moins importants, il est nécessaire qu’il y ait une personne qui soit dédiée à ça, une personne qui soit au courant de tout ce qui se passe au sein de l’entreprise.

Le Covid a été un véritable accélérateur : il a permis au Codir de comprendre que l’IT était un élément fondamental si ce n’est central du dynamisme de l’entreprise. Grâce à cela, on a fait un bond de cinq ans dans le temps en quelques mois.

Depuis 2020, Emmanuel Artigue est également membre du Codir, ce qui a permis un retour de l’IT dans cette entité très importante de l’entreprise. Son arrivée a été parallèle à celui du confinement de mars 2020. Il considère que cet évènement a permis de prouver toute l’importance de l’informatique et des systèmes d’information dans le bon fonctionnement de l’informatique. Pendant deux ans, l’activité a été déstructurée mais la DSI a réussi à conserver son agilité pour proposer des solutions sur mesure, compte tenu de l'envolée du secteur du bricolage pendant le confinement. 

La DSI de Toupret a clairement changé d’image et de fonction : si avant le Covid, elle était vue comme un service IT/support pour la société, alors qu’aujourd’hui, elle est vue comme un service stratégique pour le développement et la croissance de la société.

À retenir :

  • Le DSI au sein d’une entreprise possède plusieurs casquettes : technologue, stratège et opérationnel. Il est le seul employé de l’entreprise qui possède des compétences en lien avec l’IT et les directions métiers. En tant que membre du Codir, Emmanuel Artigue a pu prouvé toute l’importance des SI et de l’IT avec l’arrivée du confinement et du covid qui l’ont obligé à être très agile et à être efficace face au boom du marché du bricolage.

Conclusion

En tant que DSI du groupe Toupret, Emmanuel Artigue est au centre du passage de PME à ETI. Il est le premier à savoir qu’un tel changement engendre des modifications drastiques au sein de l’entreprise, qui passe irrémédiablement par sa direction : la DSI. Puisque cette dynamique provient tout d’abord de ses filiales internationales, il n’hésite pas à prendre du temps pour elle afin de voir ensemble, s’il est possible d’uniformiser l’ERP et les outils utilisés par la filiale et la société mère, ou s’ils préfèrent conserver une bonne partie de leur autonomie, et ce, pour conserver cette croissance.

En outre, un grand changement implique de grandes responsabilités : grâce à sa casquette de spécialiste de la technologie, de stratège et d’acteur opérationnel, il doit convaincre la direction que l’IT et les SI sont une véritable pierre angulaire du dynamisme de l’entreprise. Il doit notamment travailler avec les directions métiers et plus particulièrement avec la direction des ressources humaines pour mieux comprendre les enjeux d’intégration des solutions auprès des collaborateurs des autres directions.

Enfin, le statut d’ETI impose certaines modifications dans les processus de travail. Si l’équipe IT d’Emmanuel Artigue se reposait beaucoup sur ses compétences internes, il n’est plus possible de compter uniquement sur celles-ci afin de franchir un palier de plus. Ainsi, il va de plus en plus externaliser certaines compétences toutes en conservant celles qui ont un enjeu considérable pour l’entreprise, afin que son équipe soit toujours concernée par la transformation numérique de l’entreprise.

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Bertran Ruiz
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