En attribuant un DSI de haut niveau en temps partagé aux PME et aux ETI, l’entreprise que dirige Pierre Raschi tente d’apporter une ressource supplémentaire à ces structures qui ont du mal face à des problématiques complexes de digitalisation. Dans cet épisode, il revient sur les spécificités de la DSI des PME.
Diplômé de l’Ensimag avec une spécialisation en systèmes d’information, Pierre Raschi est un DSI avec une formation IT. Après un court passage en tant qu’ingénieur projet, il enchaîne quelques postes de DSI dans des PME et dans des collectivités territoriales. C’est en 2013 qu’il rejoint Référence DSI, une entreprise qui met à disposition des PME et des ETI, des DSI à temps partagé. Il devient en 2020, le directeur général de la société.
I) Prendre le temps de choisir son outil en fonction des besoins métiers. En arrivant au sein d’une PME, un DSI à temps partagé va être confronté à des spécificités propres à ce type d’entreprise. Il va prendre le temps de les analyser pour ensuite proposer des solutions concrètes pour enclencher ou poursuivre une transformation numérique.
II) La création de valeur passe par la relation entre la DSI et les directions métiers. La relation entre les métiers et la DSI est une base obligatoire pour réussir à créer de la valeur. Cette création de valeur est d’ailleurs le socle de la transformation numérique, contrairement à certains dirigeants qui pensent qu’une simple numérisation des processus suffit.
III) Ancrer le digital dans la culture de l’entreprise. Beaucoup de dirigeants font l’impasse sur le digital : parce qu’ils ne maîtrisent pas le sujet, n’ont jamais fonctionné de cette manière et donc, ont peur du changement. Le DSI doit réussir à le convaincre, ce qui passe par un dialogue nécessaire mais très utile.
Travailler en tant que DSI dans une PME nécessite de prendre en compte des spécificités propres à ces structures. Si leurs enjeux sont souvent assez similaires à ceux des grands groupes, elles disposent de beaucoup moins de ressources en interne.
Les DSI se retrouvent au maximum avec une dizaine de collaborateurs et peuvent même être seuls dans certains cas. Une PME doit avoir une vision par rapport à sa stratégie d’entreprise, ce qui oblige les DSI à s’aligner à cette stratégie, tout en étant opérationnel à tout moment avec des ressources plus réduites que dans les grands groupes.
Pierre Raschi le sait : tous ses clients sont en pleine transformation digitale. Il souhaite toutefois préciser que la transformation numérique ne consiste pas uniquement à digitaliser les process d’une entreprise, car c’est quelque chose qui se fait déjà depuis de nombreuses années. L’objectif est de créer de la valeur grâce au digital, et les PME y sont désormais confrontés et les DSI doivent le comprendre.
Bien entendu, la digitalisation de processus reste une partie du travail du DSI. Le frein principal à la mise en place de cette digitalisation est le manque de compétences internes. Le marché de la PME en France est celui qui tire la croissance économique vers le haut. Cela implique une activité extrêmement forte des métiers et en parallèle, devoir mener des projets de digitalisation en plus de leur métier actuel.
Un problème récurrent que croise Pierre Raschi lorsqu'il intervient dans des PME est le suivant : elles sont souvent habituées à travailler avec un outil qui n'est pas adapté à leurs problématiques. Elles se retrouvent donc couramment à le tordre dans tous les sens pour essayer de l'adapter à leurs besoins. Or, cette méthode n’est clairement pas la bonne.
La stratégie mise en place par les DSI de Référence DSI est la suivante : ils vont analyser la stratégie d’entreprise, comprendre les enjeux métiers et les processus, et à partir de ça, ils vont décliner les applications et les infrastructures. Comme Pierre Raschi l’affirme, c’est le métier qui impose les solutions et non l’inverse.
Pierre Raschi doit souvent prendre le temps de déconstruire complètement les habitudes qui ont été prises : il commence par passer du temps avec les métiers afin de comprendre finement leurs besoins, et créé ensuite la feuille de route qui correspond au mieux aux difficultés qu'il a pu observer. C’est ainsi qu’il passe des besoins métiers aux besoins informatiques.
Les DSI à temps partagé vont être amenés à travailler un ou deux jours par semaine au sein de l’entreprise, sur des périodes très longues pouvant aller jusqu’à 5 ou 6 années.
Selon Pierre Raschi, la transformation digitale d’une boîte passe par le marketing. C’est en travaillant main dans la main, avec la DSI et le service marketing d’une entreprise qu’il sera possible de réussir sa transition numérique et à créer de la valeur chez le client, en transformant son offre et son service.
Il évoque notamment l’exemple d’une boucherie avec une clientèle vieillissante qui cherchait à attirer de nouveaux clients plus jeunes. Pour y parvenir, il a fait appel à Référence DSI, qui a identifié son besoin et qui a permis de lui proposer une solution permettant aux clients d’en savoir plus sur les méthodes d’élevage des animaux, sur la provenance de la viande, etc. Derrière, du click & collect a été mis en place, de la livraison également. En bref, il a totalement changé son environnement.
La clé du succès réside dans la communication entre les métiers et les équipes SI. Si ces dernières parviennent à comprendre finement les difficultés que ressentent les métiers au quotidien, elles pourront les aider de manière optimale. Le rôle des DSI est bien sûr de fluidifier tous les processus existants, mais aussi d'aller plus puisqu’il voit le digital comme une opportunité de transformer les offres et les services que proposent les entreprises.
Pierre Raschi est assez exigeant avec ses clients sur l’organisation qu’il souhaite mettre en place. Il considère qu’avoir seulement quelques envies et ambitions n’est pas suffisant pour franchir un cap. Il faut que les directions donnent les moyens pour réussir une transformation. Parfois, des métiers ont déjà essayé d’insuffler cette envie d’améliorer leur quotidien grâce au digital mais n’ont pas eu le temps d’approfondir cette volonté. L’objectif du DSI sera d’accompagner ces métiers pour insuffler un nouvel élan.
En engageant les métiers, en leur donnant envie de changer leurs pratiques, on leur donne les moyens de s’investir et de repenser leur travail en fonction de la digitalisation. En parallèle, la DSI doit aussi convaincre les dirigeants d'investir suffisamment de moyens pour parvenir à assurer le bon fonctionnement du run, tout en prenant le temps d'organiser la transformation.
Pierre Raschi voit souvent certains DSI arrivant au sein d’une PME en affirmant qu’ils vont réussir à tout transformer très rapidement. Il conseille au contraire d’être très pragmatique : les dirigeants doivent être capables de payer ce que vous souhaitez développer tout en étant rentable sur le moyen/long terme, et on en revient à l’analyse du début : les ressources des PME ne sont pas non plus illimitées.
L’échange que doit avoir un DSI avec un dirigeant de PME doit lui permettre d’en savoir plus sur le business, analyser les leviers intéressants pour les actionner au mieux dans le cadre d’une future transformation digitale. C’est le DSI qui doit accompagner le dirigeant, qui doit faire grandir son appétence pour le digital.
En tant que professionnel de la transformation numérique et des PME, Pierre Raschi est revenu sur les enjeux spécifiques de ces entreprises. Les méthodes qu’ils appliquent sont en lien avec leurs moyens restreints (ressources humaines et financières limitées) tout en assurant le bon fonctionnement du “run”. Leurs enjeux en matière de transformation numérique sont tout à fait similaires aux grands groupes.
En tant que DSI à temps partagé, il essaie de corriger les erreurs principales que peuvent faire les dirigeants. Par exemple, ces entreprises font l’erreur de travailler avec des outils qui ne sont pas adaptés à leurs problématiques, ce qui les oblige à tordre la solution dans tous les sens pour essayer de l’adapter à leurs besoins. C’est les métiers qui choisissent la solution selon leurs besoins, et non pas la DSI qui sera seulement là pour la build ou pour la choisir en étagère.
Si l’informatique et le digital ont longtemps été vus comme une contrainte par les PME, Pierre Raschi n’hésite pas à convaincre les dirigeants que ces deux technologies sont deux des principaux levers pour la création de valeur. Création de valeur qui est au centre de la transformation numérique. C’est grâce au dialogue qu’il va instaurer avec le dirigeant qu’il va essayer d’identifier l’ensemble des leviers qui vont être utiles pour créer de la valeur tout en tentant de le convaincre de l’utilité du digital pour la transformation numérique de l’entreprise.
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