“L’objectif, c’était vraiment d’apporter une valeur ajoutée à cette industrie du pilotage des robots industriels : une visibilité supplémentaire, ainsi que des fonctionnalités additionnelles renforçant les outils déjà existants.” - Jean Stève Hadjistavrou
“Il faut savoir que la peinture, c’est quelque chose qui n’est pas très pratique à utiliser. On a de moins en moins de personnes qui sont capables de gérer cet élément, chimique qui plus est. Comme on n’a presque plus personne, je me suis dit qu’il fallait absolument prendre la main à distance afin d’assurer cette gestion.” - Thibault Cognon
Nouvel épisode en duo où Thibault Cognon et Jean-Stève Hadjistavrou nous proposent de revenir sur un projet qu'ils ont mené ensemble. Avec pour but d’automatiser le pilotage des robots industriels, la DSI et la direction de l’innovation ont travaillé main dans la main afin de mener à bien ce projet structurant pour l’entreprise Sames Kremlin, spécialisée dans la pulvérisation industrielle. Chacun de leur côté, ils ont dû s’accommoder des spécificités de l’autre afin de collaborer efficacement. Ce type de collaboration devient et deviendra de plus en plus fréquent à l'ère de l'industrie 4.0.
Jean-Stève Hadjistavrou a commencé sa carrière professionnelle au sein de CapGemini en tant qu’architecte IT. Fort de cette expérience, il s’est tourné vers les systèmes d’information et a été responsable et/ou directeur des SI pour Sofradir, Median Technologies ou encore Stimergy. Il était, avant son récent départ, le directeur des systèmes d’information de Sames Kremlin.
Le parcours de Thibault Cognon est rempli de rebondissements. Cet ingénieur de métier a toujours travaillé pour Kremlin avant sa fusion avec Sames en 2017. D’abord en tant qu’ingénieur dans les bureaux d’études (R&D) puis en tant que responsable automatisme, il devient le responsable stratégique monde pour la firme pendant près de 12 ans. C’est en 2021 qu’il devient le responsable stratégie Innovation & Business Intelligence.
I) La genèse d’un projet structurant : l’automatisation du pilotage des robots industriels. Comment d’une entreprise avec peu d’appétence technologique, l’apport de Jean-Stève Hadjistavrou a été décisif pour la mise en place d’un projet de grande envergure ? Nos deux invités du jour reviennent sur la manière dont leur projet a vu le jour.
II) La DSI et la direction IoT unis dans le cadre d’un même projet : travailler en tant qu’équipe projet. D’un côté, une DSI qui possède toutes les compétences techniques pour automatiser le pilotage des robots industriels, de l’autre, une direction de l’innovation qui connaît le secteur de l’industrie sur le bout des doigts. Comment nos deux protagonistes ont réussi à se transformer pour devenir une seule et unique équipe projet.
III) Enjeux et contraintes techniques. Bien entendu, la mise en place d’un projet d’une aussi grande envergure possède de nombreux enjeux, mais voit les équipes concernées faire face à des difficultés qu’il faut absolument franchir pour évoluer.
En tant que spécialiste de la pulvérisation industrielle, Sames Kremlin intervient dans de nombreux domaines en B to B : automobile, ameublement, bâtiment, etc. Son objectif est de proposer des technologies toujours plus innovantes pour permettre à ses clients de peindre et donc de pulvériser la peinture dans les meilleures conditions.
D’un côté, Thibault Cognon est le responsable des équipes innovations, dont les employés axent leur travail autour de la transformation numérique. De l’autre côté, Jean-Stève Hadjistavrou travaille avec une équipe assez réduite travaillant pour les quinze filiales et les trois grands sites de production.
Un jour, Thibault Cognon a contacté Jean-Stève Hadjistavrou en lui présentant le projet : apporter de la valeur ajoutée aux performances de l’entreprise grâce à l’automatisation du pilotage des robots industriels. Le but est de remédier au manque d’effectif (notamment des opérateurs) dans le secteur de la peinture, délaissé de par ses côtés répulsifs (odeurs, salissures, etc.).
En automatisant cela, on évite de former de nouvelles personnes en tant qu’opérateur : un processus qui prend du temps et qui fait irrémédiablement perdre de l’argent. Pour Thibault Cognon, il n’y a aucun remords puisque personne ne souhaite occuper ce genre de postes de nos jours.
L’objectif du projet est donc de s’assurer que les technologies mises en place par la DSI en collaboration avec la direction innovation fonctionnent bien. La qualité d’application, l’amélioration de la productivité et la récupération d’information sont les trois dominantes du projet.
Ce projet possède une particularité qui le différencie de tous les autres projets qui sont en cours au sein de Sames Kremlin. D’un côté, Thibault Cognon savait exactement ce qu’il voulait mais n’avait aucune notion en IT, ni en SI tandis que Jean-Stève Hadjistavrou avait toutes les compétences nécessaires pour la réalisation du projet mais n’était pas pleinement investi dans celui-ci (de par ses obligations quotidiennes de DSI).
Thibault Cognon n'a pas hésité à être très terre à terre avec Jean-Stève Hadjistavrou en lui disant d'emblée qu'il n'était clairement pas spécialiste et qu'il aurait du mal à comprendre toutes les spécificités que la DSI souhaitait mettre en place. Pour combler ce manque d'efficacité en matière de compétences technologiques, la direction de l'innovation a apporté un maximum d'information à la DSI pour faciliter son travail.
Il n'y a pas eu de cahier des charges pur, comme on peut retrouver dans de nombreuses structures. Cela s'est fait à l'aide de plusieurs échanges quotidiens, hebdomadaires voire mensuels selon les avancées du projet.
De son côté, Jean-Stève Hadjistavrou confirme les propos de Thibault Cognon : il voulait à tout prix éviter le cahier des charges technologique qui selon lui, aurait plus embrouillé les esprits de tous, qu'autre chose. Ensemble, ils ont avancé étape par étape, en mode itératif.
Ironiquement et sans le vouloir, Thibault Cognon a tenu un rôle de product owner alors qu'à la base, il avait été convenu qu'il ne le serait pas, afin d'éviter un maximum de pression et de responsabilités en lien avec la tech. Grâce à sa connaissance du terrain et des différents business unit, il a été celui qui a pu trancher certaines décisions importantes dans le cadre du projet.
Comme l'évoque Thibault Cognon et Jean-Stève Hadjistavrou, l'un des premiers enjeux dans la réalisation de ce projet est de montrer que les équipes en lien avec l'innovation, l'IT et le SI s'intéressent et se préoccupent des problèmes des métiers. Toutefois, un problème survient : il faut réussir à faire en sorte que les business units soient dans cette volonté de s'imprégner de ce que peut lui proposer la DSI. C'est donc à la DSI de faire tout ce travail d'accompagnement avec les métiers.
Ensuite, pour mettre en place ce projet, il a fallu exposer dès le début toutes les contraintes techniques que cela allait engendrer. Comme il y a des enjeux autour de la protection des données, il a fallu s'intéresser aux solutions provenant d'Europe afin d'être le plus souverain possible. En parallèle à ça, il y a eu une recherche des compétences, afin de pouvoir proposer ses services à de nombreux pays et pas seulement à des clients uniquement français. Une nouvelle difficulté apparaît donc afin de faire en sorte de généraliser tous les process pour qu'ils puissent s'accommoder aux façons de faire de tous les clients, peu importe d'où ils viennent.
À l’heure actuelle, dans l'industrie, Thibault Cognon considère que le secteur industriel de la peinture est très peu connecté. Cela veut dire que les échanges se font encore de main en main ou en physique, et très peu en virtuel. Quand il va voir certains clients en lui proposant ses solutions clés en main, il n'hésite pas à demander combien ils sont prêts à acheter ses solutions. La réponse des clients est à chaque fois clinquante : "Combien cela va me rapporter ?", et à cette question-là, Thibault Cognon est toujours bien embêté pour répondre.
Dans le cadre d'un tout nouveau projet impliquant la DSI avec une direction plutôt orientée marketing et aide à l'innovation, les deux entités vont devoir mettre en avant leurs compétences et vont devoir faire des efforts pour les améliorer tout en prenant du temps pour acquérir celles de l'autre entité. Ainsi, si la DSI s'y connaît forcément en IT et en tech, ce n'est pas forcément le cas du marketing qui va essayer de comprendre au maximum les attentes de la DSI. D'un autre côté, la relation avec les clients n'est pas une spécialité de la DSI, toutefois, le marketing va accompagner la DSI pour qu'elle puisse comprendre les attentes des clients et les enjeux du projet.
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