“Les gens qui font du recrutement sont très généralistes, notamment en interne. C’est pour ça que nous n’hésitons pas à aller voir des cabinets externes ou qu’on ne se prive pas de travailler avec des ESN. On affiche clairement les choses en amont en précisant qu’on sera potentiellement amené à recruter leur collaborateur. Donc on veut d’ores et déjà fixer les règles du jeu.”
“Il y a un moment, tu sors un peu de ton travail de DSI et de temps en temps, tu as vraiment l’impression d’être DRH. Tu gères tellement de sujets en lien avec l’humain par rapport à ce que tu pouvais gérer avant que ça donne cette impression.”
En arrivant en 2007 au sein de l’entreprise Samsic, Olivier Colly a dû aligner les performances de sa DSI à celles des différents pôles du groupe. Cela a demandé inexorablement plus de moyens et s’est donc engagé dans la guerre des talents qu’il évoque dans ce podcast.
Depuis près de quinze ans, Olivier Colly est le directeur des systèmes d’information du groupe breton Samsic. Pendant cette période, il a connu de nombreuses mutations : son effectif a évolué, le SI qu’il gère et qu’il développe également, il a mené de main de maître, la transformation digitale de cette entreprise qu’il connaît sur le bout des doigts.
I) Une DSI en constante mutation depuis plus de quinze ans. Avec l’arrivée d’Olivier Colly, la DSI de Samsic est passée de 8 à plus de 70 collaborateurs, ce qui a nécessité des changements drastiques d’organisation, de management et de distribution des rôles.
II) Un DSI aux traits de DRH ne négligeant pas l’aspect humain. Les ambitions toujours plus prononcées de la firme ont demandé des moyens plus conséquents : comment Olivier Colly a recruté les meilleurs talents ?
III) Convaincre sa direction grâce à plusieurs axes stratégiques bien définis. Avec l’ambition grandissante de la DSI, comment convaincre les directeurs BU ou plus généralement le comité de direction de recruter à hauteur de ce que l’on souhaite ?
Depuis 1986, Samsic (pour Société d’Application pour la Maintenance des Surfaces Industrielles et Commerciales) se veut un groupe familial de services aux entreprises. La société se concentre autour de trois pôles d’activités qui concentrent 90 000 collaborateurs, 25 pays et 30 000 clients :
Si à ses débuts, son équipe était composée de huit collaborateurs, elle comporte aujourd’hui près de 70 personnes dont la moitié est arrivée lors des quatre dernières années. L’ensemble de ces pôles représentent une vingtaine de métiers. L’équipe SI s’est tout d’abord focalisée sur l’infrastructure (créer une legacy forte et puissante pour pouvoir construire plus sereinement par la suite) pour avoir une base solide et se rassurer.
Au sein de la DSI, un pôle digital factory, composé de développeurs et de chefs de projet, a été créé. C’est sur ce sujet qu’Olivier Colly a vraiment mis le paquet dans le cadre de la transition digitale des équipes métiers de Samsic.
Cette digital factory a pu être conçue grâce à la présence de recruteurs expérimentés. Ce pôle s’appuie sur des acteurs internes mais la DSI n’a pas hésité à faire appel à des cabinets externes spécialisés dans ce domaine là. Eric Tinoco fait parfois appel à des experts venant d’ESN afin de l’aider pour certains projets. Dès lors, un contrat est signé où cet expert peut, s’il le souhaite et si Samsic le souhaite, rejoindre la DSI de l’entreprise. Cette clause est rajoutée car cette situation est arrivée à de nombreuses reprises tout au long du parcours d’Olivier Colly en tant que DSI pour Samsic.
A l’heure actuelle, le pôle digital factory est composé de 42 personnes. Parmi ces collaborateurs qui ont pour la plupart des profils de développeur, certains se positionnent comme des chefs de projet (qui ont une vraie vision fonctionnelle des applications) et d’autres se sentent plus à l’aise dans le déploiement.
D’un autre côté, Olivier Colly travaille avec des business partners qui sont vraiment au contact des métiers et des clients internes afin de les challenger et qui pourront intervenir sur l’ensemble du périmètre de la DSI. Un de ses défis est de réussir à créer une proximité entre ses équipes et les départements métiers. Hormis cela, on retrouve :
La différenciation est un facteur clé : dans un monde où les solutions de l’un peuvent se faire copier par les autres, apporter ne serait-ce qu’un peu d’innovation permet de se démarquer. Si historiquement, cette innovation était servicielle, elle est de plus en plus digitale. Samsic propose ainsi à ses clients, un portail de service qui va proposer un tableau de bord de l’ensemble des prestations réalisées, c’est ce qu’on appelle un “must have”.
Le but pour Olivier Colly, avant même de recruter, c’est de réussir à faire évoluer les gens en interne. Si ce n’est pas possible ou plus possible, la recherche de talents devient intéressante afin de trouver de nouveaux business partners. Néanmoins, lors de cette recherche, les compétences et les qualités recherchées dans un poste de business partner comme le voit le DSI de Samsic n’est pas explicitement indiqué sur un CV.
En plus de cela, Olivier Colly souhaite des profils avec une forte compréhension des enjeux techniques. Les profils marketing ne l'intéressent pas : il ne souhaite pas que ses business partners puissent annoncer quelque chose qu’il n’est pas possible de réaliser. C’est pour ça qu’il est aussi intéressant de faire évoluer ses collaborateurs qui ont eux, ce savoir, cette culture de l’entreprise et de l’historique de la SI. S’il recrute une personne en externe, il souhaite qu’elle soit curieuse, avec un profil de chef de projet (très) expérimenté.
Pour ce qui est du recrutement à l’IT ou à la SI, Samsic n’est clairement pas une entreprise qui est visible dans ces domaines-là. Pour Olivier Colly, la recherche des talents passe par un marché de candidats qui peut durer dans le temps, car les roadmaps sont surbookées. Samsic est dans un situation où le DSI doit convaincre le talent de rejoindre ses équipes, d’où l’importance d’être bien structuré.
De plus, Olivier Colly cherche à fidéliser ses collaborateurs afin qu’ils puissent rester le plus longtemps possible. La cooptation peut être une solution : la moitié des effectifs de son équipe ont été recrutés grâce à ce processus.
Tout d’abord, il est nécessaire d’aller chercher un sponsorship fort des patrons de Business Unit auprès de la DSI. A l’heure actuelle, la DSI a de vrais enjeux métiers. Dès lors qu’une entreprise comme Samsic ne propose pas à ses clients, des services et des produits IT forts et que la direction Business Unit le comprend, ça devient tout de suite plus simple de demander du renfort.
Il faut démontrer progressivement que le changement d’organisation et l’arrivée de nouvelles personnes va apporter de la valeur, et ça passe par la réalisation de projets toujours plus poussés, et avec une optique business. L’équipe d’Olivier Colly est toujours dans une situation de démonstration.
Il ne faut pas avoir peur de parler de ses ambitions auprès du comité de direction car sinon, les choses auront du mal à avancer. Par exemple, la transformation digitale des métiers de Samsic était quelque chose de stratégique, présente dans la roadmap d’Olivier Colly, et mise en avant auprès des directeurs BU. D’où l’importance d’avoir plusieurs axes stratégiques bien définis.
En quinze ans, Olivier Colly a eu l’occasion de recruter environ 65 nouveaux talents afin de structurer son équipe SI comme il le souhaitait. En débutant à deux, puis en étant rejoint progressivement par de nouveaux collaborateurs, il a prouvé à chaque fois auprès de la direction que ses choix étaient judicieux et rentraient parfaitement dans la stratégie du groupe.
Aujourd’hui, il souhaite boucler ses recrutements et l’agrandissement de ses équipes en accueillant des business partners qui auront pour but d’être le lien entre la DSI et les métiers afin de garantir une réelle proximité entre les deux. Pour Olivier Colly, la plus grande difficulté ne réside pas dans la recherche de talents à proprement parler mais dans la réception de CV qui seraient en adéquation avec les compétences qu’il recherche. Compétences qui sont très complexes à expliciter sur ce précieux sésame.
Désormais, Olivier Colly fait face à un nouveau défi, celui du remote. Il déplore le fait que le travail à distance est un vrai frein dans son organisation et dans le fait de créer une vraie harmonie dans le groupe, harmonie n’existant plus si le contact humain disparaît.
The podcast to understand how the CIO job is changing. From a technical profession to a business-oriented profession, the CIO is the key to the transformation of our companies.
Every week, Bertran Ruiz talks to the CIOs and CIOs who are involved, and share their experiences with you. A compendium of knowledge and learning.