“Ce qui est dommage, c’est que l’informatique n’est pas vue comme un moteur de l’évolution mais comme une entité avec des fonctions supports alors qu’on a des fonctions transversales et qu’on doit avoir un recul sur à peu près tous les services afin de cerner leurs besoins.”
Dans cette saison dédiée à la révolution numérique de l’industrie et à l'industrie 4.0, nous revenons avec Pierre Duriez sur plus de 25 ans de transformation au sein d’une entreprise japonaise possédant une de ses branches en France. Il revient avec nous, sur les outils qu’il choisit au quotidien pour aider la chaîne de production, sur son utilisation de la data pour relier les directions entre elles et sur l’importance de l’IT pour la croissance de l’entreprise.
Depuis 2000, Pierre Duriez est le DSI et le responsable solutions de Fuji Electric France, la branche française de cette entreprise de génie électrique et de matériels de mesures japonaise. Dans l’usine de Clermont-Ferrand, des capteurs de pression sont fabriqués pour l’industrie lourde pilotée par l’ordinateur. Avant cela, il avait commencé sa carrière en tant que prestataire et développeur en externe pour ce groupe, avant d’être recruté en interne.
I) Quels outils pour une meilleure gestion de tous les étages de l’entreprise ? ERP, MES, CRM, etc. Pierre Duriez est constamment plongé dans la découverte de nouvelles briques qu’il tente d’ajouter et de relier dans son SI afin de mettre l’IT au centre de la supply chain.
II) L’importance et les enjeux de la data dans le monde industriel. La révolution numérique implique l’utilisation de nouvelles techniques. L’exploitation de la donnée est un des enjeux permettant la maîtrise de la supply chain. Comment Pierre Duriez est entrée dans l’ère de l’industrie 4.0 grâce à la donnée ?
III) L’IT et la DSI : d’un simple support à un véritable levier pour l’évolution de la société. Pour les DSI, l’IT et les SI sont de véritables piliers de l’évolution de l’entreprise. Si eux sont convaincus, ce n’est pas forcément le cas des directions générales et des directions métiers qu’il tente d’accompagner au mieux pour qu’ils comprennent finalement, tout l’intérêt de l’information dans leur quotidien.
Au sein de Fuji Electric France, Pierre Duriez compose avec un grand nombre de métiers et par conséquent, avec un grand nombre de logiciels métiers. Si au début, les briques qu’il utilisait (ERP, MES, CRM, etc.) étaient séparées, il s’est rendu compte qu’elles devaient communiquer avec fluidité car elles ont toutes la même finalité.
Depuis son arrivée, Pierre Duriez a réalisé un vrai travail sur le choix et le rapprochement des briques utilisés dans la supply chain. Tout d’abord avec l’ERP : chaque ERP a “son histoire” selon lui. Celui qu’il a choisi l’a été car plus adaptés sur des problématiques propres à l’entreprise comme la comptabilité ou la finance.
Il est conscient qu’il peut avoir des points faibles mais il souhaite s’assurer que chaque outil propose au moins le minimum de ce qu’il souhaite. C’est en reliant par la suite, l’ensemble des outils, que les collaborateurs auront accès à une plateforme globale de qualité. Il sait également que de nombreux ERP et CRM tentent de globaliser de nombreuses tâches mais part du principe qu’il n’y a pas un produit qui est bon partout.
Pierre Duriez a toujours cette approche de briques pouvant communiquer entre elles, s’emboîtant les unes, les autres, comme des legos. C’est un des enjeux de la DSI, cet échange de données en interne.
Pour essayer de choisir au mieux ses briques, il prend le temps de se renseigner, de prendre en compte toutes les sollicitations. Il n’hésite pas à être vigilant, à discuter avec d’autres DSI lors de salons dédiés pour voir les dernières nouveautés, ce qui permet de prendre du recul. Pour lui, le diable se cache dans des détails qu’il faut savoir déceler : voilà pourquoi il faut réellement s’appuyer sur de vraies expériences et pas uniquement sur les présentations des éditeurs de ces outils.
Pierre Duriez tente régulièrement de faire le parallèle entre le fait de faire collaborer les services et de faire collaborer les logiciels métiers. Dans les deux cas, c’est complexe mais c’est l’enjeu pour la DSI vis-à-vis des données. Il fait alors en sorte de la capter, de la comprendre, de la qualifier, notamment en ce qui concerne les CRM, pour ne pas s'embarrasser de données inutiles.
Ensuite, le but, c’est de fluidifier les flux de données, de telle manière à ce que chaque entité ait accès aux données dont elles ont besoin, sans qu’il y ait par exemple, la création de silos, ralentissant l’accès à celles-ci. Au niveau industriel, il faut réussir à être maître de ce que l’on fait. C’est grâce à la data qu’une entreprise industrielle va réussir à y parvenir. Pour la chaîne de production, il faut maîtriser afin d’avoir l’opportunité de tracer (et donc d’avoir une traçabilité) chaque étape.
Grâce à ce travail en interne et à ces choix technologiques, l’entreprise peut s’appuyer sur une base de données fiable, gratuite, sans frais supplémentaires, avec une bonne souplesse. À l’heure actuelle, Pierre Duriez est vraiment axé sur la visualisation de la donnée, ce qui lui permet d’avoir des tableaux de reporting qu’il n’avait pas avant. Après avoir maîtrisé cet axe, il n’exclut pas le fait que le futur des data warehouse soit orienté vers le reverse ETL.
Par ailleurs, il considère que les tableurs excel ne tendent pas à disparaître et peuvent même permettre de conclure certaines utilisations de la data pour proposer des présentations globales et claires de leur utilisation.
À retenir :
Pour ce qui est des projets, Pierre Duriez a identifié trois rythmes, trois cadences :
Au sein de son équipe composé de trois collaborateurs en interne et de deux prestataires externes, Pierre Duriez favorise la polyvalence. Il n’hésite pas à donner un projet en priorité à l’un de ses collaborateurs mais il est conscient du fait qu’au bout d’un moment, puisque sa stratégie consiste à lier toutes les briques, les projets sont reliés les uns les autres.
Avec cette équipe, il doit se confronter à une problématique périlleuse : faire comprendre que l’IT est une vraie partie prenante de l’évolution de l’entreprise. En réussissant à maîtriser les problèmes du quotidien, en prouvant qu’il est possible d’être proches des directions métiers, qu’on leur apporte une véritable plus value, il montre également à la direction générale qu’avec un peu plus de monde dans son équipe, il pourrait faire franchir un cap supplémentaire à l’entreprise.
D’un autre côté, en cas de recrutement, cette nouvelle personne sera immédiatement bien intégrée aux nouveaux projets à long terme de l’entreprise car tous les projets inclus dans le rythme court terme seront bien gérés par les collaborateurs déjà présents depuis des années.
Pierre Duriez se rend compte également que même si l’on travaille pour faire gagner du temps à des directions métiers, est-ce que ce temps sera réellement utilisé pour réaliser des tâches qui peuvent faire grandir factuellement l’entreprise. Est-ce qu’il y a une réelle rentabilité entre le coût utilisé pour améliorer ou concevoir de nouveaux outils et le temps gagné grâce à l’ajout de ces solutions et son utilisation à l’avenir ? Il se penche sur ses questions désormais, c’est son nouveau challenge.
A retenir :
En près de 25 ans, Pierre Duriez a été au plus près de la révolution numérique dans l’industrie. Au lieu d’exploiter un ERP monolithe qui englobe de nombreuses fonctionnalités, il a pris le parti d’utiliser de nombreuses briques correspondant aux différents besoins des directions métiers, puis de les relier entre elles afin d’en constituer une seule et même plateforme. Ainsi, si une brique n’est plus utile, il suffit de la retirer.
Il s’est aussi appuyé sur la data qu’il considère comme l’un des piliers de l’industrie 4.0. Elle est pour lui, un outil permettant de maîtriser la chaîne de production. Elle offre des possibilités de traçabilité de chaque étape de la supply chain afin de faire en sorte qu’elle gagne en productivité ou en efficacité.
Enfin, il sait que l’IT est un enjeu important pour l’entreprise car c’est sur la technologie qu’elle doit s’appuyer afin d’insuffler une nouvelle dynamique et franchir des caps supplémentaires. En tant que DSI, il a renforcé sa proximité avec la direction générale et les directions métiers pour mieux comprendre leurs envies, leurs besoins, pour les aider dans leur choix d’outil pour leur quotidien.
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